Y-a-t-il eu des failles dans le contrôle des réfugiés afghans rapatriés par la France depuis l'arrivée des talibans à Kaboul ? La question peut sérieusement se poser depuis le placement en garde à vue d'un homme proche d'un Afghan accueilli par la France. L'homme placé en garde à vue fait en effet partie de l’entourage d'un Afghan placé sous surveillance, soupçonné d’être en lien avec les Talibans.
Ce que l'on sait sur l'homme en garde à vue
Au total, cinq personnes sont surveillées. C’est grâce à cette surveillance que le gardé à vue a pu être interpellé. Les agents du renseignement intérieur l’ont en fait suivi quand il sortait de son hôtel. Il est sorti quelques minutes du périmètre auquel il était astreint par cette MICAS, pour "Mesure individuelle de contrôle administratif et de surveillance".
C’était lundi après midi, au cœur de Paris. Selon nos informations, les policiers ont prétexté un défaut de port du masque pour le contrôler et l’interpeller. À ce stade, il est en garde à vue donc pour des faits de droit commun. En ce qui concerne le principal homme surveillé, il est sous le coup d’investigations plus poussées par les autorités françaises qui cherchent à déterminer précisément son lien avec les talibans.
Ce que l'on sait de l'homme soupçonné d'être proche des talibans
Depuis son arrivée en France, l’homme d’une trentaine d’années était jusque-là surveillé sous contrôle administratif dans une chambre d'hôtel de la région parisienne mais a violé son assignation à résidence.
Il y a quelques jours, juste après la prise de pouvoir par les fondamentalistes à Kaboul, cet homme a été aperçu en armes dans les rues de la capitale afghane. Il contrôlait même un check point tout près de l'ambassade de France. Des faits qu'il ne nie pas.
Selon les autorités, il aurait bien reconnu son appartenance au mouvement taliban. Mais ce réfugié a surtout très largement aidé les diplomates français à évacuer l'ambassade, d'après le ministère de l’Intérieur. Il risquait donc d'éventuelles représailles des talibans à Kaboul.
"Il s'agit d'un Afghan qui a aidé à l'évacuation de Français, de personnes qui ont travaillé pour la France lors de l'évacuation de l'ambassade, à un moment qui était incroyablement tendu, (et) qui a probablement sauvé des vies", a précisé le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal sur BFMTV.
Comment les demandes d’asile sont-elles étudiées ?
Concrètement dans un pays où la menace terroriste est omniprésente comme l’Afghanistan, le nom d’un candidat à l’asile est d’abord soumis à l’ambassade de France à Kaboul. Plus précisément à l’attaché de sécurité intérieure, c’est-à-dire aux policiers ou aux gendarmes en poste auprès de l’ambassadeur pour s’occuper des liens auprès de la DGSI, le renseignement intérieur français.
Cet agent fait des vérifications auprès des fichiers au sein de l’ambassade, parfois même auprès des services antiterroristes de pays partenaires. Il transmet également l’identité du demandeur d’asile aux services de renseignement présents à Paris pour vérifier qu’il ne s’agit pas d’un terroriste, d’un criminel de guerre ou d’une personne recherchée.
Pourquoi les renseignements n’ont pas vu le passé de ce réfugié avant ?
Dans la précipitation, le représentant de la France en Afghanistan, David Martinon, a dû quitter il y a plusieurs jours l’ambassade et a rejoint l’enceinte de l’aéroport de Kaboul pour continuer d’exercer sa mission dans des conditions plus que sommaires.
Face à l'urgence et au chaos au sein de l’aéroport de Kaboul, l'enquête de sécurité a été menée après la décision d’embarquer. Les services de renseignements ont pu mener des entretiens de sécurité seulement à Abou Dhabi. Parfois, ils sont même réalisés à l’arrivée à Paris. Ces contrôles tardifs ont tout de même permis d’identifier ces profils.
Les exfiltrations de réfugiés et de ressortissants vers la France se poursuivent. Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, indiquait que 2.000 personnes au total auront été rapatriées d'ici mardi soir.