La France sera un des six pays européens à accueillir des migrants qui se trouvent sur le navire humanitaire Lifeline, bloqué au large de Malte, a annoncé mardi le président français Emmanuel Macron.
LIVE | Conférence de presse à l’ambassade de France près le Saint-Siège.https://t.co/PLdwuGj3q7
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 26 juin 2018
"Quelques dizaines d'individus par pays". Il s'agira de "quelques dizaines d'individus par pays" d'accueil, a-t-il précisé lors d'une conférence de presse, à l'issue de sa visite au Vatican et sa rencontre avec le pape François. Le chef de l'État a également critiqué l'ONG Lifeline qui "a agi contre toutes les règles", son navire ayant refusé d'obtempérer aux ordres de remettre les migrants à bord aux garde-côtes de la Libye, d'où étaient partis les naufragés recueilli le 21 juin par les marins de l'organisation allemande.
"Cynisme terrible". Emmanuel Macron rejoint ainsi certaines des critiques du gouvernement italien sur le rôle des ONG en Méditerranée. "On ne peut pas accepter durablement cette situation car au nom de l'humanitaire cela veut dire qu'il n'y plus aucun contrôle. À la fin, on fait le jeu des passeurs en réduisant le coût du passage pour les passeurs. C'est d'un cynisme terrible", a poursuivi le président français. Il a aussi rappelé que l'Europe veut "renforcer sa coopération avec les garde-côtes" libyens pour "limiter les mouvements" de migrants car, selon lui, "la capacité à fermer cette route est la plus efficace et aussi la plus humaine".
L'Europe, "pas un nouvel eldorado". "L'Europe peut prendre sa part mais elle ne peut pas prendre plus que sa part", a-t-il poursuivi. "Cette jeunesse part car elle n'a plus d'espoir". "Nous serons là pour être à la hauteur de nos principes mais sans dire que tout est possible et que l'Europe est un nouvel eldorado". Le gouvernement maltais a accepté d'accueillir le Lifeline bloqué depuis des jours au large de ses côtes, que l'Italie avait refusé, mais avec un accord pour répartir les migrants parmi des pays membres volontaires. Parmi eux figurent le Portugal, la France mais aussi l'Italie.
Macron confirme avoir rencontré lundi le chef du gouvernement italien
Le président français a confirmé avoir rencontré lundi le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte. "Je tiens beaucoup à ce que le protocole le plus strict et le respect mutuel soient préservés, donc quand on fait une visite au pape il est important qu'elle ne soit pas confondue avec une visite qu'on fait aux autorités italiennes", a-t-il déclaré. Évoquant "un échange privé", Emmanuel Macron précise toutefois que les "sujets d'actualité", sujets migratoires et zone euro, ont été évoqués. La France et l'Italie traversent une crise diplomatique après l'affaire de l'Aquarius, navire humanitaire avec plus de 600 migrants à son bord que l'Italie avait refusé d'accueillir dans un de ses ports il y quinze jours.
"La torture, le viol, et la prison". Les déclarations du président de la République ont suscité la colère de l'ONG Lifeline, qui à ce stade n'a toujours pas reçu le feu vert des autorités maltaises pour pouvoir faire entrer son navire dans un port. "On a totalement respecté le droit international. La seule règle qu'on a enfreint, c'est d'empêcher qu'on ramène ces gens en Libye, où ils risquent la torture, le viol, et la prison", a défendu auprès d'Europe 1 Axel Steier, le porte-parole de l'équipage. "Si la question c'est 'qui fait le jeu des passeurs ?', les passeurs seront toujours là tant qu'il n'y aura pas de moyen légal pour ces réfugiés d'arriver dans un endroit sûr", a-t-il encore estimé.