C'est l'un des pires carnages que mène actuellement le régime syrien contre ses opposants. Depuis dimanche, près de 200 civils, dont près de 60 enfants, ont été tués par de violents bombardements du régime syrien sur le fief rebelle de la Ghouta, près de Damas, une enclave d'environ 200 km² où résident encore près de 400.000 habitants.
Détruire les dernières poches rebelles. Le bilan de cette sanglante campagne, prélude à une attaque terrestre contre le dernier fief des opposants au président Bachar al-Assad près de la capitale, est de 17 morts dimanche, 127 morts lundi et 50 morts mardi, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Pour Régis Le Sommier, directeur-adjoint de Paris Match et grand reporter, cette opération "fait partie du plan de reconquête du pays qui a commencé en 2013 et se poursuit aujourd'hui." Interrogé sur Europe 1 mardi midi, il précise : "Cette zone échappe au gouvernement syrien depuis 2012. Un des quartiers périphériques à l'ouest de la Ghouta est à quelques kilomètres du centre de Damas. Depuis ce quartier, les rebelles - puissamment armés - envoient régulièrement des obus et des missiles, qui touchent les habitants de Damas". Mardi, quatre civils ont péri dans des bombardements rebelles sur la capitale, selon les médias officiels.
Vers la fin de l'opération de reconquête ? L'objectif pour le régime syrien est donc de reprendre la Ghouta pour mettre fin aux tirs, parfois meurtriers, de roquettes des rebelles sur Damas. Selon Régis Le Sommier, auteur du livre Assad, qui vient de sortir aux éditions de La Martinière, "c'est l'une des dernières grandes batailles" de la guerre en Syrie. "Les combats qui ont lieu ces dernières semaines dans la province d'Idlib, au nord-ouest, se sont calmés. Aujourd'hui, le gouvernement syrien a fait redescendre ses troupes les plus aguerries vers l'est de la Ghouta", observe le journaliste de Paris Match. "On est vraiment dans une nouvelle phase de la guerre. Il reste également des poches dans le sud, mais ce sont globalement les dernières enclaves rebelles dans le pays. Le gouvernement a reconquis entre 55% et 60% du pays", poursuit-il.
Bachar al-Assad a "un peu les mains libres". L'ONU a réclamé dans la nuit de lundi à mardi l'arrêt immédiat des bombardements sur l'enclave de la Ghouta orientale. L'opposition syrienne en exil a elle dénoncé "une guerre d'extermination" et le "silence international" face aux "crimes" du pouvoir Assad dans la guerre qui ravage la Syrie depuis près de sept ans. Emmanuel Macron lui-même a été sollicité par les ONG pour prendre position diplomatiquement. Pour l'heure, une condamnation française n'est pas venue. "Aujourd'hui, on n'est plus dans une situation qui fait réagir comme à l'époque d'Alep", constate Régis Le Sommier. "Il y a d'autres paramètres en Syrie qui viennent complexifier la donne, notamment l'intervention turque dans l'enclave d'Afrine. Aujourd'hui dans cette zone, on s'achemine vers un accord entre les Kurdes et le gouvernement syrien. On est dans une partition où il y a beaucoup d'acteurs", explique le journaliste. "Aujourd'hui, le gouvernement syrien sent qu'il a un peu les mains libres pour attaquer les rebelles".