La militante saoudienne des droits humains Loujain al-Hathloul a été libérée mercredi après quasiment trois années passées en prison, a annoncé sa famille, au moment où Ryad fait face à des critiques grandissantes concernant le respect des droits humains dans le royaume. Elle avait été arrêtée en mai 2018, avec d'autres militantes, peu avant la levée de l'interdiction de conduire faite aux Saoudiennes, une réforme pour laquelle ces femmes militaient. Loujain al-Hathloul avait ensuite été condamnée le 29 décembre à cinq ans et huit mois de prison en vertu d'une loi "antiterroriste", dont un sursis de deux ans et dix mois "à condition qu'elle ne commette pas de nouveau crime dans les trois ans".
"Le combat n'est pas terminé"
La période passée en détention provisoire étant prise en compte, sa famille avait bon espoir qu'elle soit libérée d'ici mars. Finalement, "Loujain a été libérée", a écrit mercredi soir en arabe sur Twitter sa soeur Lina al-Hathloul. "Loujain est rentrée à la maison après 1.001 jours passés en prison. Mais elle n'est pas libre. Le combat n'est pas terminé." Les autorités saoudiennes n'ont pas officiellement commenté la détention, le procès ou la libération de Loujain al-Hathloul.
"La libération de Loujain al-Hathloul après une terrible épreuve en prison en Arabie saoudite, qui a duré près de trois ans, est un soulagement incroyable", a déclaré Lynn Maalouf, d'Amnesty International. "Rien ne peut rattraper le traitement cruel qu'elle a subi, ni l'injustice de son emprisonnement", selon l'organisation.
La communauté internationale se réjouit
"Il est certain que sa libération est une étape bienvenue", a également affirmé le porte-parole du département d'Etat américain Ned Price. "Promouvoir les droits des femmes et les autres droits humains ne doit jamais être criminalisé." Le nouveau président américain Joe Biden s'était engagé pendant sa campagne électorale à faire de l'Arabie saoudite un Etat "paria" en raison de ses atteintes aux droits de l'homme, sur lesquelles son prédécesseur Donald Trump avait largement fermé les yeux pendant son mandat. "Loujain al-Hathloul était une importante militante des droits des femmes et la libérer était la chose à faire", a salué Joe Biden depuis Washington mercredi.
A Paris, le président Emmanuel Macron a tweeté : "Je me réjouis de la libération de Loujain al-Hathloul et partage le soulagement de sa famille". Il avait appelé à sa libération le 8 mars 2019. Le Canada, qui avait déclenché une crise diplomatique avec l'Arabie saoudite après avoir dénoncé des arrestations de défenseurs saoudiens des droits humains en 2018, s'est dit de son côté "très soulagé" de cette libération.
Je me réjouis de la libération de Loujain al-Hathloul et partage le soulagement de sa famille. https://t.co/MEELVy3TVg
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) February 10, 2021