Deux sergents ont porté plainte vendredi dernier contre la Gendarmerie royale du Canada (GRC) pour harcèlement au travail et intimidation. Ces poursuites pourraient déboucher sur un recours collectif très coûteux pour la police fédérale.
Climat de travail "toxique". Dans des documents déposés devant la Cour fédérale, Geoffrey Greenwood, 52 ans, et Todd Gray, 53 ans, se plaignent d'un climat de travail "toxique" au sein de la GRC, qui a eu un impact négatif sur leur carrière et provoqué chez eux des traumatismes psychologiques, affirment-ils. Les plaignants mettent notamment en avant que jusqu'en 2015, les employés de la GRC ne pouvaient former de syndicat et n'avaient d'autre choix que de s'adresser à leur hiérarchie, qui traitait les plaintes "comme un affront à la chaîne de commandement".
Une demande de recours collectif. La plainte vise à réclamer jusqu'à 1,1 milliard de dollars canadiens (700 millions d'euros) à la GRC, a indiqué lundi l'avocat des deux sergents, Me Won Kim. Les poursuites ont pour objectif d'indemniser potentiellement tous les employés de la police fédérale qui s'estimeraient victimes de harcèlement ou de discrimination. La GRC compte près de 30.000 employés. La demande de recours collectif, déposée à la fin de la semaine dernière, doit toutefois encore être approuvée par le tribunal.
Déjà poursuivie dans le passé. La GRC a déjà été poursuivie par des employées, pour des faits de harcèlement sexuel et discrimination. En 2016, un accord à l'amiable avait été conclu, en vertu duquel des centaines de policières avaient obtenu un règlement de 100 millions de dollars. Bob Paulson, patron de la police fédérale à l'époque, avait présenté des excuses publiques "à toutes les femmes touchées par l'inaptitude de la GRC à assurer des conditions de travail exemptes de harcèlement et de discrimination". En mars dernier, le Premier ministre Justin Trudeau a nommé une femme, Brenda Lucki, à la tête de la GRC.