Après deux jours de fortes tensions, les membres de milices pro-iraniennes ont quitté, sur ordre de leurs leaders, l’enceinte de l’ambassade américaine à Bagdad. Pour eux, l’objectif est rempli : ils ont démontré qu’ils pouvaient pénétrer dans l’ultra-sécurisée zone verte, censé être l’endroit le plus sûr de la capitale irakienne. Ils ont aussi fait subir aux Etats-Unis un sévère camouflet. Et ce n’est pas parce qu’ils se retirent qu’ils comptent relâcher la pression. Europe 1 était sur place pour suivre ce retrait.
"Cette fois, on est juste venus sans armes, la prochaine fois non"
C’est en dansant de joie que les miliciens pro-iraniens ont quitté les abords de l’ambassade. Ils peuvent avoir le sourire : ils ont montré qu’ils avaient tout pouvoir en Irak. Celui de transformer cette forteresse qu’est la zone verte de Bagdad en moulin. Plus de fouilles, plus de check point. Nous avons ainsi vu leurs hommes entrer et sortir à leur guise toute la journée.
Le pouvoir, aussi, de faire flotter les drapeaux de leur organisation, Hachd al-Chaabi, considérée comme terroriste par les Etats-Unis, sur l’ambassade américaine la plus sécurisée. Le mur d’enceinte est recouvert de graffitis hostiles, et ce n’est qu’un avertissement, préviennent les miliciens. "Ce qu’on vient de faire ici c’est juste symbolique, la prochaine fois ce sera bien pire", prévient l’un d’eux. "Cette fois, on est juste venus sans armes, la prochaine fois non. On agira différemment avec Trump."
"C’est une grande honte, une grande honte pour eux"
Les derniers "Mort à l’Amérique", "Mort à Israël" sont scandés par les miliciens. Certains tentent une ultime fois d’entrer dans la chancellerie, les forces spéciales irakiennes les en dissuadent. Des hélicoptères Apache survolent le bâtiment. Ces dernières 48 heures, ils ont été l’unique voie d’accès à l’ambassade pour les soldats américains. Une fierté de plus pour les militants. "C’est une grande honte, une grande honte pour eux que tout le monde voit cette ambassade dans cet état, brûlée avec ses soldats qui se cachent comme des souris à l’intérieur", se réjouit un milicien.
Des camionnettes transportent ces paramilitaires sur l’autre rive du fleuve qui traverse la capitale. En quelques minutes, les tentes et la sonorisation sont installées face à la zone verte. Voilà ce que dit un milicien : "Nous serons là jusqu’à ce qu’il ne reste plus un soldat américain en Irak".