Comment expliquer la volte-face d'Evguéni Prigojine samedi en Russie ? Alors que le chef du groupe Wagner avait pris la ville stratégique de Rostov et que ses troupes se dirigeaient vers Moscou, Evguéni Prigojine a accepté de retirer ses troupes. Invité du Grand Rendez-vous d'Europe 1/ CNews/ Les Échos, l'écrivain et diplomate russo-ukrainien Vladimir Fédorovski a apporté son analyse sur les évènements de la veille. Pour lui, ce qu'il s'est passé "est une sorte de mascarade. Prigojine n'avait aucune chance d'aller jusqu'à Moscou", affirme-t-il. Pour Vladimir Fédorovski, le chef de Wagner "aurait été stoppé par l'aviation dans un bain de sang".
"Poutine ne sort pas nécessairement affaibli"
Désormais, l'avenir de Vladimir Poutine et de la Russie interroge. Beaucoup d'analystes voient dans les évènements de samedi une preuve de "l'affaiblissement" du président russe. Un constat que ne partage pourtant pas Vladimir Fédorovski. "Je suis légèrement plus nuancé : je pense que dans cette affaire, Poutine ne sort pas nécessairement affaibli. Les Russes, qui craignent la guerre civile et la déstabilisation dans leur pays, éprouvent une sorte de soulagement aujourd'hui", au lendemain de la tentative de rébellion armée.
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Quant à l'avenir du pays, "beaucoup de choses vont dépendre de l'évolution militaire qui est très contradictoire aujourd'hui. Sur le plan géopolitique en revanche, les Américains ont été très prudents et la question qui revient, et qui, je pense, sera discutée au sommet de l'Otan est : comment éviter la déstabilisation de la Russie ?", avance Vladimir Fédorovski. "Je félicite la position de prudence du président Biden qui pourrait inaugurer de nouvelles possibilités sur le plan diplomatique" à long terme.
Pour l'écrivain, à plus court terme, Evguéni Prigojine "est le vrai perdant dans cette affaire. Dans le système Poutine, c'était prévisible. Il devait être évincé, il sera exfiltré en Russie et je ne donne pas un kopeck sur son avenir. Tout ce qui a été dit, comme quoi il serait un Eltsine des temps modernes, c'est n'importe quoi", affirme-t-il au micro du Grand Rendez-vous. Mais Vladimir Fédorovski reste "inquiet" pour la suite des évènements en Russie, où il craint "une escalade sans précédent, parce que sur place, la situation est très contradictoire".