Trois jours pour aider l’Irak à se relever des quatre ans de guerre contre l’Etat islamique. Tel est l’enjeu de la conférence qui s'achève mercredi au Koweit : 74 pays y participent dont la France. Jean-Yves Le Drian, le ministre des Affaires étrangères, y a fait une apparition mardi, après une visite à Bagdad puis Erbil. La tâche est immense et se chiffre en milliards de dollars. Mais la France, qui était également mobilisée au côté des Irakiens contre les djihadistes, pourrait bien avoir un rôle à y jouer.
Des milliards pour reconstruire et relancer le pays. L'addition est particulièrement salée : l'Irak chiffre à 88 milliards le coût de sa renaissance. Par exemple, les habitations ont été endommagées à hauteur de 16 milliards, et la remise en état du réseau électrique devrait coûter 7 milliards. Mais la reconstruction n'est pas seulement affaire de façades écroulées et de câbles à dérouler ; l'Irak doit relancer des régions où pas un coup de feu n'a été tiré mais qui ont massivement contribué à l'effort de guerre.
Des marchés juteux. Parce qu'il peut difficilement tabler sur les dons, le pays propose plutôt aux acteurs étrangers d'y investir massivement à travers 210 projets très concrets. Grâce au pétrole, l'Irak est un pays riche et solvable. "Pratiquement toutes les plateformes sont à remettre en état, à moderniser, à agrandir", explique à Europe 1 un consultant français spécialisé dans la construction d'aéroports. "Celui de Mossoul est un sujet que l'on nous a présenté, nous sommes en train de le regarder. Il y a beaucoup de gens qui s'y intéresse". Logique : ce marché représente à lui seul plusieurs centaines de millions d'euros.
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Une bonne image. La France est sur les rangs dans de nombreux domaines, puisque 25 entreprises françaises ont participé à cette conférence. Certaines comme Thales s'intéressent à la construction de routes ou de tramways, d'autres au déminage. "Il y a une ruée européenne vers l'Irak", constate un participant. "La France a des cartes à jouer, elle a appuyé les forces irakiennes contre l'État islamique", rappelle un diplomate. Il serait donc normal que dans l'après-guerre, cette bonne image bénéficie aux entreprises bleu-blanc-rouge.
Les entreprise réclament des garanties. Si l'Irak veut s'ouvrir au secteur privé, les freins à l'investissement sont encore nombreux, notamment en raison des inquiétudes qui pèsent sur l'avenir du pays. La corruption qui gangrène le pays est une barrière de taille. "C'est une grande question : que font les dirigeants irakiens contre la corruption ? ", interroge un avocat dont le cabinet représente plusieurs sociétés françaises qui veulent entrer en Irak , mais ont encore des incertitudes. "Si on donne une concession et que dans deux ans, à cause de la corruption, quelqu'un d'autre vient concurrencer ce business… Ça ne peut pas aller comme ça", pointe-il. Il se dit pourtant optimiste : l'Irak a l'occasion de se réformer après des années de chaos. Un impératif si le pays ne veut pas retomber aux mains des djihadistes.