Moscou a déclaré dimanche ne pas avoir "d'informations fiables" sur une "énième mort" du chef du groupe Etat islamique (EI), Abou Bakr al-Baghdadi.
"Des questions légitimes et des doutes"
"Le ministère de la Défense russe ne dispose pas d'informations fiables sur les actions de l'armée américaine dans la zone de désescalade d'Idleb concernant une énième 'mort'" d'al-Baghdadi, a déclaré dans un communiqué son porte-parole, Igor Konachenkov. Il a par ailleurs assuré que "ces derniers jours, aucune frappe aérienne n'a été effectuée dans la zone de désescalade d'Idleb par des avions américains ou par la soi-disant 'coalition internationale'". Le porte-parole fait par ailleurs état de "détails complètement contradictoires" de la part des "participants directs et pays qui auraient participé à cette 'opération'", jugeant que cela "soulève des questions légitimes et des doutes sur sa réalité et, surtout, son succès".
Le président américain Donald Trump a annoncé dimanche la mort d'Abou Bakr al-Baghdadi lors d'une opération militaire américaine dans le nord-ouest de la Syrie, qui représente à ce jour son succès de politique internationale le plus retentissant. Il a livré un récit détaillé du raid au cours duquel le chef de l'EI a été acculé par les forces américaines puis s'est fait sauter avec sa ceinture d'explosifs.
"Aucune signification opérationnelle pour la situation en Syrie"
En tout début de matinée, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui dispose d'un vaste réseau de sources sur le terrain, avait fait état d'une opération de commandos américains héliportés et débarqués dans la nuit dans la région d'Idleb (nord-ouest). Le directeur de l'OSDH a fait état plus précisément de tirs de huit hélicoptères visant une maison et une voiture aux abords du village de Baricha. Alors que Donald Trump a remercié entre autres la Russie pour avoir contribué à ce succès, le ministère russe de la Défense indique "n'être au courant d'aucune assistance présumée au passage de l'aviation américaine dans l'espace aérien de la zone (...) au cours de cette opération".
"Depuis la défaite finale de l'Etat islamique par l'armée du gouvernement syrien avec le soutien des forces aériennes russes début 2018, une énième 'mort' d'Abou Bakr al-Baghdadi n'a aucune signification opérationnelle pour la situation en Syrie ni pour les actions des terroristes restants à Idleb", ajoute le communiqué.
L'homme le plus recherché du monde, considéré comme responsable de multiples exactions et atrocités en Irak et en Syrie et d'attentats sanglants dans plusieurs pays, avait été plusieurs fois donné pour mort ces dernières années. Le 16 juin 2017, la Russie avait affirmé avoir probablement tué Baghdadi dans une frappe aérienne en mai près de la ville syrienne de Raqa (nord).