L'actrice italienne Asia Argento et deux autres femmes ont assuré au magazine The New Yorker avoir été victimes d'un viol perpétré par le producteur hollywoodien Harvey Weinstein, qui réfute ces allégations mais se trouve également accusé par plusieurs stars de Hollywood.
Les faits remonteraient à 1997, sur la côte d'Azur. Selon la fille du réalisateur italien Dario Argento, le magnat de Hollywood aurait eu une relation sexuelle orale non consentie avec elle en 1997 dans une chambre d'un hôtel de la côte d'Azur. Dans le même article, Lucia Evans, une autre actrice, accuse le producteur de l'avoir forcée à lui faire une fellation en 2004 et une autre jeune femme, qui a souhaité garder l'anonymat, l'accuse d'une relation sexuelle forcée. Depuis les révélations jeudi du New York Times citant plusieurs victimes présumées, Harvey Weinstein s'est mis en congé de sa maison de production, The Weinstein Company, dont le conseil d'administration l'a ensuite écarté, dimanche.
"J'ai été abîmée". "Cela ne s'arrêtait pas. C'était un cauchemar", a déclaré au New Yorker Asia Argento, qui dit avoir été invitée par l'un des membres de l'équipe d'Harvey Weinstein, avant de se retrouver seule avec lui. Dans l'article publié mardi sur le site du New Yorker, elle explique que l'incident a été "un traumatisme horrible". "J'ai été abîmée", dit-elle. Elle raconte qu'Harvey Weinstein a insisté pour la voir, ce qu'elle accepté. Il a aussi eu d'autres relations sexuelles avec elle durant les cinq années suivantes. Elle les qualifie de consenties mais dit s'être sentie "obligée" de céder à ses avances.
D'Angelina Jolie à Emma de Caunes, des témoignages en série. L'article du New Yorker mentionne également d'autres actrices, notamment Rosanna Arquette et la Française Emma de Caunes. Les deux femmes évoquent des incidents lors desquels le producteur a tenté d'avoir une relation sexuelle avec elles, sans que cela ne se produise. Dans un article du New York Times également publié mardi, Gwyneth Paltrow et Angelina Jolie décrivent des rencontres similaires, lors desquelles elles ont refusé les avances très appuyées de celui qui est désormais le paria d'Hollywood après en avoir longtemps été l'un des rois, un faiseur de carrière qui pouvait faire décrocher un Oscar ou vous jeter aux oubliettes. Hollywood a regardé ailleurs et les femmes victimes se sont tues par honte ou par crainte, disent-elles.
Weinstein conteste. "Toutes les accusations de relations sexuelles non consenties sont réfutées par M. Weinstein", a commenté Sallie Hofmeister, sa porte-parole, dans une déclaration transmise à plusieurs médias américains. "M. Weinstein a également confirmé qu'il n'y avait jamais eu de représailles contre des femmes qui avaient refusé ses avances", a-t-elle ajouté. Le producteur assure que toutes les femmes qui ont fait état publiquement, en déclinant leur identité, de relations sexuelles avec lui, étaient consentantes, a expliqué la porte-parole. Actuellement en cours de traitement, selon sa porte-parole, Harvey Weinstein "espère que, s'il fait suffisamment de progrès, il se verra offrir une seconde chance."
Matt Damon et Russell Crowe auraient voulu étouffer l'affaire en 2004. Depuis les révélations du New York Times, beaucoup dénoncent publiquement l'omerta qui aurait régné durant plusieurs décennies autour du comportement du producteur, largement connu à Hollywood. Harvey Weinstein avait une armée d'avocats dédiés à étouffer ses affaires. Sur son site The Wrap, la journaliste Sharon Waxman explique par ailleurs qu'elle avait mené une enquête en 2004 sur ses agissements et mettait notamment en cause le patron de Miramax Italy, Fabrizio Lombardo. Ce dernier aurait été employé uniquement pour "s'occuper des besoins d'Harvey Weinstein". Mais, selon la journaliste, Harvey Weinstein aurait usé de son statut d'annonceur pour le journal pour censurer l'article et empêcher son nom d'apparaître. Elle explique que les acteurs Matt Damon et Russell Crowe lui auraient téléphoné à l'époque, afin de discréditer ses informations concernant Fabrizio Lombardo. "Tout le monde ne savait pas", a tempéré l'actrice Meryl Streep dans un message publié sur le site du Huffington Post. "Je ne savais pas."
Hillary Clinton "choquée et écœurée". L'ancienne candidate démocrate à la Maison-Blanche Hillary Clinton s'est elle dite "choquée et écœurée par les révélations sur Harvey Weinstein. Le comportement décrit par les femmes qui s'expriment ne peut être toléré. Leur courage et le soutien des autres est crucial pour mettre un terme à ce genre de comportements", a-t-elle déclaré dans un communiqué diffusé sur Twitter par son porte-parole. Le silence de la démocrate, comme celui de Barack Obama, lui était vivement reproché par la droite américaine qui accusait les démocrates d'hypocrisie sur le harcèlement sexuel. Harvey Weinstein donnait de l'argent au parti démocrate et à ses candidats, et a surtout accueilli personnellement des réceptions très exclusives ayant permis de lever des sommes importantes au profit d'Hillary Clinton et de Barack Obama.
Son monde s'écroule. Depuis les révélations, Harvey Weinstein a été viré de sa propre maison de production par les actionnaires. Il a également été quitté par sa femme. Selon le site hollywoodien TMZ, qui corrobore les dires de la porte-parole du producteur, il aurait pris un jet privé direction l'Europe pour soigner ses addictions sexuelles.