Berlin a été frappée en son cœur et dans la période symbolique de Noël. Lundi, vers 20h, un camion fonçait dans la foule, tuant douze personnes. Hélène Miard-Delacroix, professeur d'histoire et de civilisation de l'Allemagne contemporaine à l'université Paris-Sorbonne était l'invitée de l'émission C'est arrivé cette semaine, samedi. Elle analyse cet attentat qui a été revendiqué par l'organisation État islamique, le premier sur le sol allemand.
"Voulu fermer les yeux". Avant de parler de ratés dans le degré de préparation du pays, la spécialiste rappelle le fonctionnement fédéral de l'Allemagne. "Les affaires de police relèvent des régions, qui doivent se coordonner." Le problème de coordination, ajoute-t-elle s'était déjà posée dans les années 70 à l'époque de la bande à Baader. Elle souligne aussi une autre différence entre les services de renseignements qui s'attendaient à une attaque et "la population qui avait voulu fermer les yeux sur les menaces en se disant qu'elle était moins en première ligne sur le théâtre des opérations" que d'autres pays européens, déjà violemment touchés.
"Le nazisme et la RDA". Désormais, la question est de savoir selon Hélène Miard-Delacroix si l'Allemagne est prête à accepter un dispositif comme celui de l'état d'urgence. "La notion de surveillance et de pénétration des forces de l'ordre dans la vie privée est un point extrêmement sensible à cause du passé nazi et de la RDA. Il y a ces deux repoussoirs."
La professeur observe aussi que le mouvement populiste AFD "profite de cette situation. Il a pour caractéristique de faire 'revenir des mots'. Je crains de voir arriver dans le vocabulaire courant un mot tabou en Allemagne qui désigne une détention préventive, par avance, des individus qui pourraient être dangereux."