"Un moment historique". C'est ainsi que Donald Trump a qualifié jeudi son annonce du lancement d'un commandement militaire américain de l'espace. Cet état-major, Spacecom, sera le 11e commandement opérationnel de l’armée américaine, et sera chargé de coordonner toutes les activités spatiales militaires des États-Unis.
Plus globalement, ce week-end, on rentrera vraiment dans une ère nouvelle du point de vue stratégique, la France s'apprêtant de son côté à inaugurer son propre commandement de l’espace, dimanche, à Toulouse. Une décision logique. Les menaces étant les mêmes, les réponses sont partiellement coordonnées entre Washington et Paris.
Nos sociétés très dépendantes des satellites...
Deux phénomènes inquiètent les militaires. Tout d'abord, l’extrême dépendance de nos sociétés aux satellites. En effet, notre mode de vie, notre économie mais aussi notre défense dépendent aujourd’hui très lourdement du parfait fonctionnement des 2.630 satellites qui tournent autour de la Terre. Le GPS par exemple, ce sont 31 satellites, qui du point de vue militaire, permettent de guider tous les missiles. Et d’un point de vue civil, c'est la gestion du positionnement de tous les avions, de tous les bateaux, de tous les trains.
Les commandements de l'espace en chiffres.
France : le commandement de l'espace, qui sera lancé dimanche à Toulouse, comptera environ 220 personnes au 1er septembre, pour un coût total de 3,6 milliards d'euros entre 2019 et 2025, auquel il faut ajouter 700 millions d'euros au titre du nouveau programme de "Maîtrise de l'espace".
États-Unis : Spacecom comptera plus de 600 personnes, pour un budget total de 8 milliards de dollars par an.
Même dépendance du côté des cartes bancaires, des transactions financières, des valeurs boursières. Tout passe par les satellites de communication. S’ils sont, soit détruits, soit brouillés, soit piratés, un pays peut être mis à genoux sans avoir eu à tirer un seul coup de feu.
... Alors que les menaces se développent
C'est là qu'intervient le deuxième phénomène. Les menaces potentielles contre nos satellites se développent très rapidement, comme par exemple des attaques directes, avec des missiles ou des lasers. Les États-Unis, la Russie et la Chine savent le faire de longue date. L’Inde, elle, y parvient depuis le mois de mars. Mais des cyber-attaques sont également possibles, permettant par exemple de brouiller ou de prendre le contrôle d’un satellite. Les Russes semblent avoir mis au point des petits satellites mobiles qui auraient ces capacités, et l’un d’entre eux s'était installé pendant cinq mois devant le cône d’émission d’un satellite de communication militaire français, sans pouvoir être délogé.
Un acte loin d'être amical, et qui explique que la France comme les États-Unis ont décidé de se doter des moyens pour protéger leur équipement spatial, avec des mesures actives si nécessaire. Ce sera le rôle de ces nouveaux commandements, qui contrôleront l’espace comme on contrôle un théâtre d’opération, voire un champ de bataille.