L'ancien président égyptien Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans, est mort lundi après une audition au tribunal au Caire, ont indiqué à l'AFP des sources sécuritaire et judiciaire. Selon ces mêmes sources, l'ancien président, en détention depuis 2013, a parlé lundi devant un tribunal avant de s'effondrer, puis d'être emmené à l'hôpital où il est mort. "Il a parlé devant le juge pendant 20 minutes puis il s'est évanoui. On l'a vite emmené à l'hôpital où il est mort plus tard", a dit la source judiciaire. Le site du journal d'État Al-Ahram a aussi rapporté la mort de Mohamed Morsi, 67 ans, premier président égyptien élu démocratiquement pour une courte mandature entre 2012 et 2013.
Emprisonné depuis sa destitution en 2013
Le leader islamiste était emprisonné depuis sa destitution par l'armée à l'été 2013, après un vaste mouvement de contestations né dans la rue, notamment place Tahrir, au Caire. Mohamed Morsi avait été jugé par la suite dans plusieurs affaires, dont un dossier d'espionnage pour l'Iran, le Qatar et des groupes militants comme le Hamas à Gaza. Il a également été accusé de fomenter des actes de terrorisme.
Depuis sa destitution en 2013, son ancien ministre de la Défense Abdel Fattah al-Sissi a mené une répression sans merci contre l'opposition islamiste et en particulier les Frères musulmans, dont des milliers de membres ont été emprisonnés.
Les années qui ont suivi le coup de force de l'armée en Égypte ont vu une succession d'attaques visant les forces de l'ordre, avec des centaines de policiers et militaires tués et une véritable insurrection djihadiste localisée dans le nord-Sinaï, devenu un bastion du groupe État islamique.
Les Frères musulmans et Erdogan accusent l'Égypte
Le président turc Recep Tayyip Erdogan Erdogan, allié de l'ancien président islamiste, lui a rapidement rendu hommage en le qualifiant de "martyr". "Comme vous savez, le tyran Sissi qui a pris le pouvoir en Égypte en supprimant la démocratie à travers un coup d'État, a jusqu'ici fait exécuter près de cinquante Égyptiens. Et l'Occident garde le silence", a insisté le chef de l'État turc, issu comme Morsi de la mouvance islamiste. "L'histoire n'oubliera jamais les tyrans qui l'ont conduit vers la mort en le mettant en prison et en le menaçant de l'exécuter", a-t-il déclaré un peu plus tard, lors d'un discours télévisé à Istanbul.
Les Frères musulmans ont eux aussi accusé les autorités égyptiennes de "meurtre à petit feu". Dans un communiqué au titre évoquant un "assassinat", le Parti de la Liberté et de la Justice, bras politique de la confrérie, a dénoncé les mauvaises conditions de détention de Morsi.