L'acteur américain George Clooney a lancé un appel au boycott de neufs hôtels de luxe liés au sultan de Brunei, riche petit État pétrolier d'Asie du Sud-Est qui s'apprête à instaurer la peine de mort en cas d'homosexualité ou d'adultère en invoquant la charia, la loi islamique. Le 3 avril, "la nation de Brunei va commencer à lapider et à fouetter à mort n'importe lequel de ses citoyens convaincu d'être homosexuel. Comprenez-le bien", écrit George Clooney dans une tribune publiée par le site internet Deadline, spécialisé dans le divertissement.
La nouvelle législation de Brunei, situé sur l'île de Bornéo, prévoit aussi l'amputation d'une main ou d'un pied pour vol. Cette petite monarchie de 430.000 habitants est dirigée d'une main de fer par le sultan Hassanal Bolkiah depuis 1967. Elle a annoncé en 2014 l'introduction progressive de la charia, malgré l'opposition des défenseurs des droits humains.
"Allons-nous vraiment contribuer financièrement à ces violations des droits humains ?"
Le sultan est "l'un des hommes les plus riches du monde" et "possède l'Agence d'investissement de Brunei" qui, à son tour, est propriétaire de "neuf des hôtels les plus prestigieux dans le monde", poursuit George Clooney. Et le comédien d'en donner la liste : The Dorchester (Londres), 45 Park Lane (Londres), Coworth Park (Royaume-Uni), The Beverly Hills Hotel (Beverly Hills, USA), Hotel Bel-Air (Los Angeles, USA), Le Meurice (Paris), Hôtel Plaza Athénée (Paris), Hotel Eden (Rome) et Hotel Principe di Savoia (Milan, Italie). "J'ai séjourné dans nombre d'entre eux, dont certains récemment, parce que je n'avais pas fait mes devoirs et que j'ignorais qui les possédait", reconnaît l'acteur américain.
"Mais soyons clair, chaque fois que nous prenons une chambre ou organisons une réunion ou dînons dans l'un de ces neuf hôtels, nous mettons de l'argent directement dans la poche d'hommes qui choisissent de lapider et de fouetter à mort leurs concitoyens homosexuels ou accusés d'adultère", relève-t-il. "Brunei est une monarchie et un boycott n'aura certainement pas grand pouvoir pour changer ses lois. Mais allons-nous vraiment contribuer financièrement à ces violations des droits humains ?", lance-t-il. Et d'ajouter : "Après des années de pratique des régimes meurtriers, j'ai appris que vous ne pouvez pas leur faire honte. Mais vous pouvez faire honte aux banques, aux financiers et aux institutions qui font des affaires avec eux en choisissant de détourner le regard".