L'information était évoquée par des médias américains, elle a été annoncée par le président des USA lui-même. Donald Trump a affirmé dimanche que le chef de l'État islamique, Abou Bakr al-Baghdadi, avait été tué lors d'une opération militaire américaine dans le nord-ouest de la Syrie. "Abou Bakr al-Baghdadi est mort", a-t-il déclaré lors d'une allocution depuis la Maison Blanche.
"Il est mort comme un lâche"
Selon Donald Trump, Abou Bakr al-Baghdadi s'est fait exploser avec sa "veste" chargée d'explosifs, alors qu'il s'était réfugié dans un tunnel creusé pour sa protection avec trois de ses enfants. Les trois sont également morts dans l'explosion. Abou Bakr al-Baghdadi est mort "comme un chien", a poursuivi le président américain. "Il n'est pas mort comme un héros, il est mort comme un lâche." "Il est mort après avoir couru dans un tunnel sans issue, gémissant, pleurant et criant", a affirmé le président républicain. "Son corps a été mutilé par l'explosion", a-t-il précisé.
L'homme le plus recherché du monde, considéré comme responsable de multiples exactions et atrocités en Irak et en Syrie et d'attentats sanglants dans plusieurs pays, avait été plusieurs fois annoncé mort ces dernières années. "Capturer ou tuer Baghdadi était la priorité absolue de mon administration", a ajouté Donald Trump, lors d'une allocution suivie d'une longue séquence de questions-réponses avec les journalistes. Le "califat" territorial de l'EI a été déclaré défait par les Américains en mars dans son dernier réduit en Syrie. "C'était comme regarder un film", a raconté le président américain, relatant comment il avait visionné en temps réel le raid américain grâce à des caméras embarquées par les forces spéciales.
L'Irak assure avoir fourni sa localisation
En tout début de matinée, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui dispose d'un vaste réseau de sources sur le terrain, avait également fait état d'une opération de commandos américains héliportés et débarqués dans la nuit dans la région d'Idleb (nord-ouest). Les tirs de huit hélicoptères ont visé après minuit une maison et une voiture aux abords du village de Baricha, à quelques kilomètres de la frontière turque, a déclaré à l'AFP le directeur de l'OSDH, qui fait état d'au moins neuf morts, dont deux femmes et un enfant. Donald Trump a précisé qu'aucun soldat américain n'avait été perdu dans l'opération mais qu'elle avait fait "un grand nombre de morts" dans les rangs des partisans de Baghdadi.
Le commandement militaire irakien a annoncé dimanche avoir fourni la localisation du chef du groupe jihadiste Etat islamique (EI) Abou Bakr al-Baghdadi en Syrie pour le raid américain qui l'a tué. "Une section spécialisée a travaillé pendant un an" et "le renseignement national a pu (...) localiser le repaire" de Baghdadi, et "grâce à cela, l'opération américaine a été menée", indique un communiqué. Une source au sein du renseignement irakien a affirmé à l'AFP que ce service surveillait les déplacements de Baghdadi en Syrie et avait finalement pu le localiser grâce à l'appel téléphonique de l'une de ses épouses, qui se trouvait avec lui.
Un second responsable irakien a ajouté que le renseignement irakien avait également exploité des informations obtenues auprès de deux femmes en détention dans le pays, l'une des épouses du chef jihadiste et la femme d'un de ses très proches collaborateurs.
Trump remercie la Russie, la Turquie, la Syrie, l'Irak... et les Kurdes
Ce développement intervient dans une période d'intense activité militaire dans le nord de la Syrie, où les forces turques ont lancé le 9 octobre une vaste offensive contre les forces kurdes. De leur côté, Damas et son allié russe ont accéléré le déploiement de leurs troupes à la frontière turque, tandis que les Américains ont annoncé l'envoi de renforts militaires dans l'est pétrolier de la Syrie.
Donald Trump a tenu à remercier dimanche la Russie, la Turquie, la Syrie, l'Irak et les Kurdes de Syrie. L'élimination d'Abou Bakr al-Baghdadi vient à point nommé pour le président américain, dont la stratégie en Syrie était jugée sévèrement, par les alliés des Etats-Unis et au sein même du parti républicain. Sa décision début octobre de retirer les troupes américaines du Nord de la Syrie avait été interprétée commme un feu vert à la Turquie pour intervenir militairement contre les Kurdes, alliés des Occidentaux dans la lutte contre l'EI. Les forces kurdes en Syrie ont dit dimanche craindre des représailles du groupe Etat islamique (EI) après la mort d'Abou Bakr al-Baghdadi.
La Russie de son côté s'est montrée très prudente, déclarant n'avoir pas "d'informations fiables" sur une "énième mort" d'Abou Bakr al-Baghdadi. Moscou a par ailleurs fait état de "détails contradictoires" qui soulèvent "des doutes sur le succès de l'opération américaine"