Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a ironisé dimanche sur "l'urgence capillaire" qui a conduit lundi le président brésilien Jair Bolsonaro à annuler le rendez-vous qu'il avait avec lui lors de son déplacement au Brésil, dans un entretien au Journal du Dimanche.
Mécontent de la décision du chef de la diplomatie française de rencontrer des ONG brésiliennes, qui lui sont pour la plupart hostiles, le chef de l'Etat brésilien a décommandé leur entrevue à la dernière minute et s'est affiché sur Facebook en train de se faire couper les cheveux, à l'heure où était prévue cette rencontre. "Chacun connaît les contraintes qui s'attachent aux agendas chargés des chefs d'État. Manifestement, il y aurait eu une urgence capillaire. C'est une préoccupation qui m'est étrangère", a déclaré dans cette interview au JDD Jean-Yves Le Drian, lui-même quasiment chauve.
Il a néanmoins qualifié sa visite au Brésil de "très positive". "J'ai eu des entretiens avec mon homologue, avec la société civile brésilienne, en particulier les ONG, mais aussi la société civile économique. Je me suis aussi entretenu avec les gouverneurs de plusieurs Etats. C'est l'intérêt de la France de parler au Brésil, à tous les Brésils", a-t-il déclaré.
Des rencontres avec des ONG qui ne passent pas
Le président brésilien a justifié sa décision de ne pas honorer ce rendez-vous avec Jean-Yves Le Drian au motif que ce dernier avait prévu de rencontrer des ONG au Brésil. "Qu'est-ce qu'il est venu discuter avec des ONG ici ? Dès qu'on parle d'ONG, il y a une alarme (qui s'allume) dans la tête de celui qui a un minimum de bon sens", a déclaré le président d'extrême droite à des journalistes à Brasilia. Jean-Yves Le Drian "avait une audience prévue avec moi à son agenda. Je me suis alors rendu compte qu'il avait aussi (un rendez-vous prévu avec le vice-président Hamilton) Mourao, et des ONG. Qui est en train de porter préjudice au Brésil ? Les ONG", a-t-il ajouté.
La rencontre entre les deux hommes, qui aurait dû avoir lieu lundi après-midi, avait été annulée officiellement "pour des questions d'agenda". Dans un message publié sur Twitter, l'ambassade de France au Brésil a indiqué que Jean-Yves Le Drian avait rencontré au Brésil "des membres de la société civile pour relever ensemble les défis du changement climatique et de la protection de l'environnement, en perspective de la #COP25". L'environnement est un sujet sensible pour le président Bolsonaro, climato-sceptique notoire. Il a récemment suscité un tollé en remettant en cause des chiffres officiels montrant une augmentation récente de la déforestation.