Le Guatemala a envoyé jeudi sa marine surveiller un "navire pour l'avortement" d'une ONG néerlandaise qui compte proposer ses services gratuits aux femmes désirant mettre fin à une grossesse non désirée, malgré la législation locale.
65.000 avortements illégaux. "L'armée n'autorisera pas ce groupe à mener ses activités dans ce pays", a-t-elle déclaré dans une plainte officielle déposée chez le procureur, sur les instructions du président Jimmy Morales. L'ONG "Women on Waves" a affirmé dans un communiqué que leur navire avait été "retenu" illégalement par l'armée, qu'elle accuse "d'empêcher une manifestation légitime contre les restrictions de l'Etat sur les droits des femmes guatémaltèques à accéder à un avortement sans danger". Chaque année, près de 65.000 avortements illégaux sont effectués dans ce pays d'Amérique centrale, troisième cause de mortalité de la mère, selon l'ONG.
L'arrivée du bateau dans le port de San José, à environ 100 kilomètres au sud de la capitale Guatemala, où il doit rester cinq jours, a provoqué la colère de plusieurs organisations chrétiennes, qui ont perturbé une conférence de presse de "Women on Waves". "Ils disent qu'ils se battent pour la vie et les droits de l'Homme, mais il semble que le meurtre soit devenu un droit humain", a estimé un étudiant cubain, Gil Hernandez.
Un avortement dans les eaux internationales. Les autorités portuaires ont ordonné aux militants de rester à bord de leur navire, arguant qu'ils n'avaient pas déclaré le motif de leur voyage et ne pouvaient donc pas descendre à terre. Bien que l'IVG soit interdit au Guatemala, sauf pour sauver la vie de la mère, "l'avortement médicamenteux est proposé dans les eaux internationales", ce qui signifie qu'il n'y a "pas de violation de la législation" guatémaltèque, estiment les organisatrices. L'ONG compte embarquer sur des canots cinq femmes à la fois, puis les amener hors des eaux guatémaltèques pour leur donner les pilules. Basée à Amsterdam, l'organisation a été fondée en 1999 et a souvent créé la polémique, notamment lors de sa dernière opération au Maroc en 2012, quand la marine avait bloqué l'accès au port.