Trêve à Gaza : l'armée israélienne dit avoir reçu «les corps des otages» dont ceux des Bibas rendus par le Hamas
L'armée israélienne a annoncé avoir reçu "les corps des otages" remis ce jeudi par le Hamas. Un peu plus tôt dans la matinée, les quatre dépouilles d'otages, dont celles des deux enfants Bibas et de leur mère, devenus des symboles de l'effroi qui a saisi Israël lors de l'attaque du mouvement islamiste palestinien le 7 octobre 2023, avaient été remises à la Croix-Rouge.
Les dépouilles des quatre otages ont été restituées par le Hamas en échange de la libération, prévue samedi, de Palestiniens détenus par Israël, conformément à l'accord de trêve dans la bande de Gaza. Il est entré en vigueur le 19 janvier, après 15 mois d'une guerre déclenchée dans la bande de Gaza par l'attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien.
"Ce sera un jour très difficile pour l'État d'Israël, un jour bouleversant, un jour de deuil", avait déclaré mercredi soir le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu. Après la remise des cercueils des quatre otages israéliens, il a affirmé que son pays était "fou de rage contre les monstres du Hamas", dénonçant une nouvelle mise en scène.
L'essentiel :
- Des milliers de personnes observent une minute de silence à Tel-Aviv
- La mise en scène du retour des dépouilles d'otages du Hamas est "abjecte et cruelle", dit l'ONU
- "Nous sommes tous fous de rage contre les monstres du Hamas", dit Netanyahu
- Le convoi transportant les cercueils des quatre otages est arrivé en début d'après-midi à Tel-Aviv
Des milliers de personnes observent une minute de silence à Tel-Aviv
Des milliers de personnes rassemblées sur la place des otages à Tel-Aviv ont observé une minute de silence jeudi soir pour les quatre otages morts dont les dépouilles ont été ramenées de Gaza en Israël, a constaté un journaliste de l'AFP. La minute de silence a eu lieu au début d'un rassemblement, en solidarité avec les familles des quatre ex-otages.
La mise en scène du retour des dépouilles d'otages du Hamas est "abjecte et cruelle", dit l'ONU
La mise en scène de retour des dépouilles de quatre otages israéliens du Hamas à Gaza jeudi est "abjecte et cruelle", a commenté le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme.
"La parade des corps que nous avons vue ce matin est abjecte et cruelle, et va à l'encontre du droit international. Nous demandons que tous les retours soient effectués en toute confidentialité, avec respect et soin", a dit le Haut-Commissariat aux journalistes.
"Nous sommes tous fous de rage contre les monstres du Hamas", dit Netanyahu
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a affirmé jeudi que son pays était "fou de rage contre les monstres du Hamas", après la mise en scène organisée par le mouvement islamiste palestinien pour la remise de cercueils censés contenir les corps de quatre otages israéliens.
"Nous sommes tous fous de rage contre les monstres du Hamas", a dit M. Netanyahu dans une déclaration vidéo. "Nous ramènerons tous nos otages, détruirons les meurtriers, éliminerons le Hamas et, ensemble, avec l'aide de Dieu, nous assurerons notre avenir", a-t-il ajouté.
Le Hamas remet les corps de quatre otages, les cercueils arrivent à Tel-Aviv
Un convoi transportant quatre cercueils est arrivé jeudi à la morgue de Tel-Aviv, après l'annonce par le Hamas de la remise des dépouilles d'otages israéliens, dont ceux des enfants Bibas, symbole de la tragédie du 7 octobre 2023 en Israël. Le convoi transportant les cercueils a franchi les grilles de l'institut médico-légal d'Abu Kabir à Tel-Aviv peu avant 13h30 (11h30 GMT), ont constaté des journalistes de l'AFP. Les corps doivent y subir une autopsie en vue de permettre leur identification.
En début de matinée à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, quatre cercueils noirs ont été transférés par le Hamas au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) qui les a remis à l'armée israélienne. Le convoi les transportant est ensuite entré dans le sud d'Israël, à Kissoufim, où il a été accueilli par des Israéliens massés sur le bord de route arborant des drapeaux nationaux, par un temps venteux et pluvieux. Avant de prendre le chemin de Tel-Aviv.
Toute la famille enlevée lors de l'attaque du 7-Octobre
Le Forum des familles d'otages a indiqué mercredi soir avoir été informé de la mort des deux enfants Bibas et de leur mère, ainsi que de celle d'un quatrième otage, Oded Lifshitz, sans préciser dans quelles circonstances.
La famille des deux enfants, Ariel et Kfir Bibas, qui avaient quatre ans et huit mois et demi lors de leur enlèvement, a appelé dans un communiqué mercredi soir à "ne pas faire l'éloge funèbre de (ses) proches jusqu'à ce que l'identification finale soit confirmée".
Le Hamas avait annoncé en novembre 2023 la mort de Shiri Bibas et de ses enfants dans un bombardement israélien à Gaza, mais Israël n'a jamais confirmé. Toute la famille avait été enlevée lors de l'attaque du 7-Octobre au kibboutz Nir Oz, à la lisière de la bande de Gaza. Les images alors diffusées par le Hamas de la mère serrant contre elle ses deux petits garçons devant leur maison, ont fait le tour du monde. Le père des deux enfants, Yarden Bibas, 35 ans, a été libéré le 1er février du territoire palestinien.
Une cérémonie organisée
L'annonce de la restitution des dépouilles a provoqué des réactions de colère et de tristesse en Israël ainsi qu'à l'étranger. Kfir Bibas était le plus jeune des 251 otages enlevés le 7 octobre 2023. Aujourd'hui, 70 personnes sont toujours retenues à Gaza, dont au moins 35 sont mortes, selon l'armée israélienne.
Des centaines de personnes se sont rassemblées tôt jeudi matin à Khan Younès, dans le sud de Gaza, pour assister à la restitution des quatre corps. Comme pour les précédentes libérations d'otages, une cérémonie soigneusement orchestrée a été organisée, avec une scène où les corps devaient être remis au Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
Le drapeau vert du Hamas flottait autour du site, entouré d'une clôture pour empêcher les spectateurs d'y pénétrer. Des hommes armés en tenue militaire, portant des bandeaux du Hamas, étaient omniprésents dans le secteur. "Notre message à l'ennemi criminel (...) : nous poursuivons la guerre, si Dieu le veut", a déclaré un combattant du Hamas à l'AFP sous couvert d'anonymat.
19 otages israéliens libérés depuis le début du cessez-le-feu
Depuis le début du cessez-le-feu conclu via la médiation de trois pays - Qatar, Égypte et États-Unis -, 19 otages israéliens ont été libérés contre plus de 1.100 Palestiniens détenus par Israël, à raison d'un échange par semaine lors de la première phase de la trêve.
Jeudi, le Hamas remettra pour la première fois depuis le début de la trêve des otages défunts, par l'intermédiaire du CICR, comme c'est le cas pour les otages vivants. Il doit ensuite libérer samedi six otages vivants.
Le Hamas prêt à libérer "en une seule fois" tous les otages encore retenus
L'accord prévoit, d'ici la fin de sa première phase le 1er mars, la libération d'un total de 33 otages, dont huit morts, en échange de celle de 1.900 Palestiniens détenus par Israël. Le Hamas s'est dit prêt mercredi à libérer "en une seule fois", et non plus en étapes successives, tous les otages encore retenus dans la bande de Gaza, lors de la deuxième phase de la trêve, qui doit débuter le 2 mars.
Les négociations indirectes sur cette deuxième étape, censée mettre fin définitivement à la guerre, ont été retardées, le Hamas et Israël s'accusant mutuellement de violations de l'accord de cessez-le-feu. La troisième et dernière phase doit porter sur la reconstruction de la bande de Gaza en ruines.
L'attaque du Hamas le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.211 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles israéliennes et incluant les otages morts ou tués en captivité. L'offensive israélienne lancée en représailles a fait au moins 48.297 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.