L'économie japonaise a connu une expansion surprise au premier trimestre, mais ces chiffres meilleurs que prévu masquent de vraies faiblesses, selon les analystes, dans un archipel heurté par le conflit commercial sino-américain.
Le produit intérieur brut (PIB) a augmenté de 0,5% au premier trimestre 2019 comparé au précédent, après déjà une hausse de 0,4% fin 2018, selon des statistiques publiées lundi par le gouvernement. Les analystes sondés par l'agence Bloomberg News s'attendaient à une petite contraction sous l'effet d'une conjoncture internationale incertaine.
Une consommation des ménages en baisse et moins de demande de la Chine
La progression s'explique essentiellement par la contribution du commerce extérieur, les importations ayant diminué davantage que les exportations, ainsi que, dans une moindre mesure, par les investissements publics. Mais la consommation des ménages a baissé, tout comme les investissements non-résidentiels des entreprises. En outre, le net déclin des importations "reflète une faible demande intérieure", a souligné l'expert, tandis que les exportations ont tout de même fléchi de 2,4%, affectées par le ralentissement de la demande venue de Chine.
"La guerre commerciale sino-américaine pèse sur les expéditions de marchandises nippones vers le voisin chinois", où sont assemblés de nombreux produits, confirme Kohei Iwahara, analyste de Natixis Japan Securities. Elle incite aussi "les entreprises à se montrer plus prudentes dans leurs investissements". L'interminable feuilleton du Brexit a également un impact négatif sur le moral des patrons.
Vers une augmentation de la TVA
Quant aux ménages, ils vont probablement vouloir profiter du taux de TVA actuel pour faire des achats, avant qu'il ne passe de 8% à 10% en octobre. La possibilité d'un nouveau report de cette impopulaire mesure, destinée à enrayer l'envolée de la colossale dette publique, a été évoquée ces dernières semaines par les analystes. Officiellement, la décision est ferme. Le ministre de l'Economie, Toshimitsu Motegi, a réaffirmé lundi devant la presse la volonté du gouvernement de relever la TVA comme prévu à l'automne.
Les chiffres du PIB "ne changent absolument rien" à nos plans, a abondé le porte-parole de l'exécutif, Yoshihide Suga, reconnaissant des "faiblesses" mais insistant sur "les fondamentaux solides" de l'économie. La précédente hausse de taxe, en 2014, avait fait plonger le Japon en récession. Dans la foulée, le Premier ministre conservateur Shinzo Abe avait décidé de différer une nouvelle augmentation à 10%, puis deux ans plus tard il avait encore repoussé le moment fatidique, à octobre 2019. Cette fois devrait donc être la bonne. Pour éviter une débâcle, le gouvernement devrait mettre en oeuvre dans les prochains mois un énième plan de relance pour soutenir la demande dans un pays vieillissant et en manque de main-d'oeuvre.