Le Kosovo a annoncé samedi le rapatriement de Syrie de 110 de ses ressortissants, en quasi-totalité des épouses ou des enfants de djihadistes de l'État islamique (EI), une opération inédite en Europe par son ampleur.
Quatre hommes, soupçonnés d'avoir combattu avec l'EI, étaient également dans l'avion qui s'est posé dans la nuit sur l'aéroport de Pristina. Ils ont été placés en garde à vue pour 48 heures. Parmi les autres passagers se trouvaient 32 femmes et 74 enfants, a précisé le gouvernement. Dans un communiqué, l'ambassade des États-Unis à Pristina a "salué le Kosovo" après ces rapatriements qui établissent "un exemple important et à suivre" pour les membres de la coalition et la communauté internationale. "Nous applaudissons la compassion" dont ont fait preuve les autorités kosovares "en acceptant le retour de ce grand nombre de civils", a poursuivi l'ambassade américaine.
Le Kosovo, à 90% musulman, est en proportion de sa population (1,8 million), le pays européen ayant fourni le plus fort contingent de combattants djihadistes en Irak et en Syrie. Le rapatriement de proches de djihadistes a suscité des controverses dans plusieurs pays concernés. Également très touchée par le phénomène, la France avait rapatrié mi-mars cinq enfants après des semaines d'atermoiements dans un contexte d'hostilité de l'opinion publique face à de tels retour.
Quelque 300 combattants kosovars en Syrie et en Irak
Selon les estimations officielles, quelque 300 Kosovars sont allés combattre en Syrie et en Irak. Environ 70 y auraient perdu la vie, tandis qu'environ 120 en sont revenus pour être la plupart du temps emprisonnés. Environ 35 combattants seraient toujours en Syrie, a précisé samedi le chef de la police kosovare Reshat Qalaj. Proche allié des États-Unis, le Kosovo a durci en 2015 sa législation en prévoyant des peines pouvant aller jusqu'à quinze ans de prison pour ses ressortissants qui partent combattre à l'étranger. Qualifié d'"opération très sensible", le rapatriement a été mené "avec l'aide des États-Unis", a déclaré aux médias kosovars le ministre de la Justice Abelard Tahiri. Les civils rapatriés "méritent une réhabilitation et l'espoir d'une vie paisible et loin des conflits", a-t-il ajouté.
Le directeur national de la Santé publique du Kosovo, Naser Ramadani, a annoncé que ces personnes allaient recevoir des examens médicaux. "Les femmes et les enfants ont subi de graves traumatismes", a-t-il dit.
Nul ne connaît avec certitude le nombre d'enfants de djihadistes étrangers bloqués en Syrie. L'ONG Save The Children a évoqué un chiffre de plus de 3.500 originaires d'une trentaine de pays dans les camps de déplacés.
Retour d'un djihadiste bosnien
De son côté, la Bosnie-Herzégovine a annoncé samedi le rapatriement d'un djihadiste. Une source du parquet à Sarajevo ayant requis l'anonymat a précisé qu'il s'agissait d'Ibro Cufurovic, 24 ans, parti en Syrie en 2013.
C'est une figure connue parmi les ressortissants des Balkans partis combattre dans les rangs de l'État islamique. Il compte parmi les quelque 25 ressortissants bosniens recherchés par Interpol pour leur participation aux conflits en Syrie ou en Irak dans les rangs des groupes djihadistes. Le père d'Ibro Cufurovic a accusé un imam radical, ancien leader de la mouvance islamiste en Bosnie, Husein Bosnic, dit Bilal, d'avoir recruté son fils.
Bosnic, reconnu coupable d'avoir encouragé ses adeptes à aller combattre en Syrie et en Irak, a été condamné en 2015 à sept ans de prison pour "terrorisme". Selon diverses estimations, un millier d'islamistes originaires des Balkans sont partis à partir de 2012 pour combattre dans les rangs du Front al-Nosra ou du groupe État islamique. L'Albanie, le Monténégro, la Macédoine et la Serbie sont aussi concernés. Quelque 200 hommes ont été tués sur le front, tandis que 300 sont revenus dans les Balkans, souvent pour y être emprisonnés.