Une situation chaotique dans un pays déjà fragilisé. Moins de deux jours après les explosions survenues sur le port de Beyrouth, la situation reste chaotique dans la capitale libanaise. Des dizaines de personnes sont encore portées disparues après les violentes déflagrations et les secouristes poursuivent leurs recherches dans les décombres, espérant trouver des survivants. Le drame s'ajoute à une grave crise économique subie par le pays depuis des mois, déjà aggravée par l'épidémie de coronavirus et le confinement de la population. La reconstruction s'annonce "difficile mais pas impossible", selon le ministre libanais des Affaires étrangères.
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Des réformes à mener d'urgence
Dépréciation de la monnaie, hyperinflation, licenciements massifs, restrictions bancaires drastiques : tous les indicateurs sont au rouge. "Le Liban souffre depuis quelque mois d’un déficit, exceptionnel dans notre Histoire, des finances de l’Etat, dus à beaucoup de dégâts et de mauvaise gestion de la part de nos responsables financiers", confie le ministre libanais des Affaires étrangères Charbel Wehbé.
Près de la moitié de la population (45%) vit sous le seuil de pauvreté, avec 22% des Libanais en état de "pauvreté absolue". Le Fonds monétaire international (FMI) a proposé une aide de plusieurs milliards de dollars d'aide, mais qui reste bloquée car les négociations avec le lobby bancaire, détenteur d'une grande partie de la dette publique, patinent. "On a fait appel à la France et ils nous ont répondu très positivement. La seule condition demandée, très amicalement, c'est de commencer les réformes", explique le ministre.
Plus de "transparence", moins de "corruption"
"Nous sommes supposés et obligés de faire nos réformes avec nos propres avec nos propres décisions", poursuit Charbel Wehbé. "C’est difficile mais ce n’est pas impossible, pour un pays qui a toujours été géré comme ça, de manière un peu légère. Le moment est venu de mesurer les choses et de prendre les bonnes décisions : transparence, ne pas suivre la corruption et être toujours selon les normes que tout le monde doit respecter." Le ministre est conscient de la difficile reconstruction qui attend le pays.
Depuis des mois, la grogne monte au Liban et les déflagrations, causées par un stock de 2.750 tonnes de nitrate d'ammonium, stockées "sans mesures de précaution" dans le port de Beyrouth, n'ont pas apaisé les tensions. La classe politique est jugée responsable de l'état du pays et de la catastrophe. Sur Europe 1, Antoine Basbous, politologue et fondateur de l'Observatoire des pays arabes (OPA) voit dans cette tragédie "l'aboutissement d'un abandon de la souveraineté nationale au profit d'une police messianique aux ordres d'une puissance étrangère qui a tout contrôlé".