Le Mercosur et l'UE annoncent un accord de libre-échange
Pascale de La Tour du Pin
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé vendredi qu'un accord de libre-échange avait abouti entre l'UE et les pays du Mercosur. "C'est le début d'une nouvelle histoire", a-t-elle ajouté, tandis que la France estime que cet accord "n'engage que" la Commission.
Le Mercosur et l'UE annoncent un accord de libre-échange
Le Mercosur et l'Union européenne ont conclu "les négociations en vue d'un accord" de libre-échange, a annoncé vendredi à Montevideo la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
"Nous avons conclu les négociations pour l'accord UE-Mercosur. C'est le début d'une nouvelle histoire. Je me réjouis maintenant d'en discuter avec les pays européens", a déclaré Ursula von der Leyen sur X, lors d'une conférence de presse conjointe avec les présidents de l'Argentine, du Brésil, du Paraguay et de l'Uruguay pour annoncer l'accord conclu après 25 ans de discussions.
"Message catastrophique" pour des "millions d'agriculteurs européens"
L'accord de libre-échange entre l'Union européenne et les pays du Mercosur envoie un "message catastrophique aux millions d'agriculteurs européens", a réagi l'organisation européenne des syndicats agricoles majoritaires, le Copa-Cogeca, vendredi. L'organisation appelle "les États membres et le Parlement européen à se mobiliser contre cet accord", qui "exacerbera les pressions économiques auxquelles sont soumises de nombreuses exploitations".
"Un obstacle important à l'accord a été levé", dit le chancelier allemand Olaf Scholz
Le chancelier allemand Olaf Scholz s'est félicité vendredi de la conclusion des négociations sur l'accord commercial entre les pays du Mercosur et l'UE qui apportera "plus de croissance et de compétitivité"
"L'accord politique entre les pays du Mercosur et l'UE est là. Un obstacle important a été levé", a écrit le chancelier sur X. "Plus de 700 millions de personnes pourront bénéficier d'un marché libre, de plus de croissance et de compétitivité", a-t-il ajouté.
L'accord UE-Mercosur "trahit les agriculteurs européens", selon les syndicats majoritaires français
L'alliance syndicale agricole majoritaire française FNSEA-Jeunes agriculteurs (JA) a estimé vendredi que la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen avait "trahi les agriculteurs européens" en annonçant la conclusion de l'accord de libre-échange avec des pays du Mercosur.
"Cette validation est non seulement une provocation pour les agriculteurs européens qui appliquent les standards de production les plus élevés au monde, mais aussi un déni de démocratie alors que la quasi-unanimité de nos parlementaires français se sont exprimés contre cet accord", affirment les organisations dans un communiqué. Pour elles, "Von der Leyen trahit les agriculteurs européens".
La Commission européenne a écouté "les préoccupations" du secteur agricole
La Commission européenne a écouté "les préoccupations" du secteur agricole européen et avait introduit des "garanties" dans le traité commercial entre les pays européens et ceux du Mercosur, a affirmé sa présidente Ursula von der Leyen vendredi à Montevideo.
"C'est un accord qui bénéficiera aux deux" parties et "apportera des bénéfices significatifs aux consommateurs et aux entreprises" s'il est approuvé, a-t-elle déclaré. "Nous écoutons les préoccupations de nos agriculteurs et nous agissons en conséquence. Cet accord inclus des garanties solides pour protéger nos moyens de subsistance", a-t-elle ajouté lors d'une conférence de presse conjointe avec les présidents de l'Argentine, du Brésil, du Paraguay et de l'Uruguay pour annoncer l'accord conclu après 25 ans de discussions.
L'accord annoncé par la Commission européenne "n'engage qu'elle"
L'annonce d'un accord par la Commission européenne entre les pays de l'Union européenne et ceux du Mercosur sur un traité commercial "n'engage qu'elle", a commenté vendredi la ministre déléguée au Commerce extérieur démissionnaire de la France, Sophie Primas.
"Aujourd'hui n'est clairement pas la fin de l'histoire. Ce qu'il se passe à Montevideo n'est pas une signature de l'accord mais simplement la conclusion politique de la négociation. Celle-ci n'engage que la Commission, pas les Etats membres", a affirmé la ministre dans une déclaration transmise à l'AFP, ajoutant que "la Commission prend ses responsabilités de négociatrice, mais cela n'engage qu'elle".
La colère des agriculteurs
Véronique Le Floc'h, présidente de la Coordination rurale, a jugé cet accord inacceptable : "Malheureusement, c'est plié. Nos politiques ont trop tardé à réagir, à se prononcer et à faire tout le boulot de lobbying auprès des autres États membres pour sauver l'agriculture et soustraire l'agriculture de tous ces accords de libre échange."
"Aujourd'hui, chacun des États membres devraient être convaincus que l'alimentation ne s'échange pas contre des produits industriels ou autres.", estime-t-elle. Avant d'ajouter : "Tout le monde est perdant. Le consommateur, les agriculteurs la seront d'un point de vue santé et les coûts induits par rapport à ces normes qui ne sont pas les nôtres."