Le nord de la bande de Gaza vit ses "heures les plus sombres", a affirmé vendredi le Haut-commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, avertissant que les actions d'Israël pourraient s'apparenter à "des atrocités criminelles" et risquaient de mener la population à la "famine".
"De possibles crimes contre l'humanité"
"La situation s'aggrave de jour en jour de façon inimaginable. Les politiques et les pratiques du gouvernement israélien dans le nord de Gaza risquent de vider la zone de tous les Palestiniens. Nous sommes confrontés à ce qui pourrait s'apparenter à des atrocités criminelles, incluant de possibles crimes contre l'humanité", a déclaré Volker Turk dans un communiqué.
Il y fait état de "plus de 150.000 morts, blessés ou disparus" dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre entre le Hamas et Israël il y a plus d'un an. "Ma plus grande crainte est que, compte tenu de l'intensité, de l'ampleur (...) de l'opération israélienne actuellement en cours dans le nord de Gaza, ce nombre n'augmente considérablement", a à cet égard mis en garde M. Turk.
Israël, qui combat le Hamas dans la bande de Gaza depuis l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023 sur son territoire, a lancé ce mois-ci une offensive aérienne et terrestre majeure dans sa partie septentrionale, disant vouloir empêcher les militants de ce mouvement islamiste de s'y regrouper.
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"Aucun moyen sûr de partir"
"Aujourd'hui, le moment le plus sombre du conflit se déroule dans le nord de la bande de Gaza, où l'armée israélienne soumet de fait toute une population aux bombardements, au siège et au risque de famine", a martelé Volker Turk.
"Le nord de Gaza est bombardé de manière incessante", s'est-il alarmé, inquiet du fait que "l'armée israélienne a ordonné le déplacement de centaines de milliers de personnes, sans garantie de retour" et alors qu'"il n'existe aucun moyen sûr de partir".
Le haut responsable a souligné "l'accès extrêmement limité" aux zones septentrionales de ce territoire palestinien, que "quasiment aucune aide n'a pu atteindre depuis des semaines, avec le maintien de restrictions illégales" de la part d'Israël. "Beaucoup sont désormais confrontés à la famine", a-t-il assuré.
Dans le même temps, a accusé M. Turk, "l'armée israélienne frappe les hôpitaux, des membres du personnel et des patients ont été tués ou blessés ou contraints d'évacuer". Il s'en est aussi pris aux groupes armés palestiniens qui agissent à partir de camps et d'autres lieux accueillant des civils, les mettant en danger, "ce qui est totalement inacceptable".
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Un "carnage"
"Depuis des mois, je demande à toutes les parties au conflit, ainsi qu'à tous les États (...) d'agir pour mettre un terme au carnage et à la destruction, pour assurer la libération rapide et inconditionnelle de tous les otages et pour garantir le respect du droit international humanitaire et des droits de l'homme", a lancé Volker Turk.
"Mais cela continue encore et encore". La Cour internationale de justice a clairement établi l'obligation d'Israël de garantir l'entrée et la livraison de l'aide humanitaire dont la population a désespérément besoin, a rappelé M. Turk.
"En vertu de la Convention sur le génocide, les Etats parties ont également la responsabilité d'agir pour empêcher un tel crime, lorsque le risque devient apparent", a-t-il poursuivi. "Soit le monde manque honteusement à ses obligations envers ceux qui ont si désespérément besoin d'aide, soit nous restons unis et mettons un terme à cela", a-t-il conclu.