Le Premier ministre irakien Haider al-Abadi a ordonné jeudi l'exécution immédiate des djihadistes condamnés à mort, comme représailles à l'assassinat par le groupe État islamique (EI) de huit hommes dont les corps ont été retrouvés mercredi. Haider al-Abadi "ordonne la punition immédiate des terroristes condamnés à mort et dont les peines ont passé le degré décisif", a-t-il annoncé dans un communiqué, voulant dire que leur appel a été rejeté et que la peine capitale a été ratifiée par la présidence de la République.
Une centaine de djihadistes sont étrangers. Plus de 300 personnes, dont une centaine d'étrangères, ont été condamnées à mort en Irak, et autant d'autres à la prison à perpétuité, pour appartenance à l'EI, avait indiqué en avril une source judiciaire. La plupart des condamnés sont Turques ou originaires des anciennes républiques de l'Union soviétique. En outre figue un Russe et le Belge Tarik Jadaoun, qui avait rejoint l'EI en 2014 sous le nom de guerre d'Abou Hamza al-Belgiki. Le porte-parole du Conseil suprême de la magistrature, le juge Abdel Sattar Bayraqdar, avait précisé en avril que la grande majorité des personnes condamnées à mort appartenaient à EI.
Un Premier ministre critiqué sur les réseaux sociaux. La vidéo diffusée samedi par l'organe de propagande de l'EI, Amaq, constitue le premier chantage public des djihadistes sur les autorités depuis que les forces irakiennes ont chassé l'EI de toutes ses places fortes. Critiqué sur les réseaux sociaux pour son manque de réaction après la découverte des cadavres à proximité de la route Bagdad-Kirkouk, Haider al-Abdadi a changé de ton jeudi. Le Premier ministre a relevé que le chantage était d'autant plus odieux que selon le rapport de la morgue, l'EI a assassiné ces otages il y a cinq jours, "ce qui veut dire qu'ils étaient déjà morts quand les terroristes ont posté leur vidéo afin d'essayer de nous tromper", a-t-il souligné.
Onze personnes exécutées pour terrorisme en 2018. En 2017, au moins 111 personnes avaient été pendues dans le pays. En 2018, l'Irak a procédé à l'exécution de 13 personnes, dont 11 condamnées pour "terrorisme". L'Irak fait régulièrement l'objet de critiques de la part d'organisations des droits de l'Homme qui dénoncent les nombreuses condamnations à mort prononcées quasi quotidiennement par des tribunaux antiterroristes. Environ 20.000 personnes ont été arrêtées au cours de la contre-offensive lancée par les troupes irakiennes pour repousser les djihadistes, qui avaient pris le contrôle d'une grande partie du pays en 2014.
"Cela ne fait avancer ni la justice ni les droits des victimes". L'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW) a appelé l'institution judiciaire irakienne à changer d'approche dans sa manière de juger les femmes et enfants étrangers soupçonnés d'avoir été affiliés à l'EI. "L'Irak doit changer d'approche, car actuellement ceux qui ont assassiné pour le compte de l'EI reçoivent la même peine que celles qui se sont simplement mariées avec des membres de l'EI et ont eu des enfants. Cela ne fait avancer ni la justice ni les droits des victimes", assure Nadim Houry, directeur du département "Terrorisme et Contreterrorisme" de HRW.