Le Premier ministre libanais Saad Hariri doit se rendre mercredi en Arabie saoudite, pour la première fois depuis la crise déclenchée par l'annonce dans le royaume de sa démission sur laquelle il est ensuite revenu, a indiqué mardi une source gouvernementale.
Le 4 novembre 2017 à la surprise générale, Saad Hariri, qui détient également la nationalité saoudienne, a annoncé depuis Ryad sa démission. Cette annonce choc ainsi que le séjour prolongé de Saad Hariri en Arabie saoudite ont donné lieu à des spéculations sur sa liberté de mouvement, le président libanais Michel Aoun allant jusqu'à accuser Ryad de le retenir en "otage". Saad Hariri est rentré au Liban trois semaines plus tard, après une "exfiltration" négociée par la France, et a annoncé ensuite qu'il revenait sur sa démission. "La visite de Saad Hariri en Arabie saoudite commence mercredi", a déclaré la source gouvernementale sans autres précisions.
Une volonté d'entretenir de meilleures relations diplomatiques. Une autre source proche du Premier ministre libanais a dit qu'il aurait des entretiens avec le roi Salmane et le prince héritier Mohammed ben Salmane. L'annonce de cette visite intervient au lendemain d'une rencontre à Beyrouth de Saad Hariri avec l'émissaire saoudien Nizar al-Aloula qui lui a remis une invitation à se rendre en Arabie saoudite, selon le bureau du dirigeant libanais. Nizar al-Aloula a également rencontré Michel Aoun qui lui a fait part de la volonté du Liban d'"entretenir les meilleures relations" avec le royaume saoudien.
Tentative d'endiguer l'influence iranienne au Liban. À l'époque de la crise née de la démission de Saad Hariri, les analystes avaient expliqué que l'Arabie saoudite sunnite avait forcé son protégé Saad Hariri à démissionner dans une tentative fracassante d'endiguer l'influence de l'Iran chiite au Liban, via le puissant mouvement armé du Hezbollah, poids lourd de la politique libanaise. Mais le résultat obtenu fut finalement contraire à celui escompté. Non seulement Saad Hariri est revenu sur sa démission mais le coup de force de Ryad l'a paradoxalement poussé, avec ses rivaux libanais, à afficher une image d'unité pour éviter un nouveau séisme politique dans ce pays traditionnellement divisé.
Une affaire aux conséquences directes sur la région. L'affaire Hariri a été une conséquence directe du bras de fer régional -du Yémen à la Syrie- entre Ryad et Téhéran. Des élections législatives, lesquelles sont souvent influencées par le jeu des puissances régionales, sont prévues le 6 mai au Liban. Ces élections sont les premières depuis 2009.