Le prince héritier saoudien qualifie d'"incident hideux" le meurtre de Khashoggi

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avec AFP , modifié à
S'exprimant publiquement pour la première fois sur l'affaire Khashoggi, Mohammed ben Salmane a assuré mercredi qu'il n'y "aurait pas de rupture" diplomatique avec Ankara. 

Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane (MBS) a qualifié mercredi d'"incident hideux" le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi au consulat en Turquie, affirmant que Ryad coopérait avec Ankara et que "la justice prévaudra". S'exprimant publiquement pour la première fois depuis la disparition de Khashoggi, l'homme fort de l'Arabie saoudite a estimé qu'il n'y aurait "pas de rupture des liens avec la Turquie", a-t-il assuré lors d'un forum international sur l'investissement à Ryad. 

"Efforts communs" avec Ankara. "Ceux qui sont derrière ce crime devront rendre des comptes (...) et, à la fin, la justice prévaudra", a-t-il dit. Plus tôt, la présidence turque avait indiqué que le président Recep Tayyip Erdogan et Mohammed ben Salmane avaient discuté mercredi des "efforts communs" à mettre en oeuvre pour élucider le meurtre de Khashoggi, journaliste critique du prince héritier qui collaborait avec le Washington Post. Si les médias turcs, ainsi que des responsables turcs anonymes, ont mis en cause Mohammed ben Salmane, le président Erdogan s'est jusqu'à présent gardé de l'accuser directement, tout en appelant à ce que tous les responsables, "des exécutants aux commanditaires", soient punis.

Changement de version de Ryad. L'Arabie saoudite avait d'abord affirmé que Khashoggi était parti librement après s'être rendu au consulat pour des démarches administratives. Cependant, alors que la pression internationale montait, le royaume a admis samedi dernier qu'il était mort dans le consulat, évoquant un décès à la suite d'une "rixe". Ryad a annoncé des arrestations et des limogeages, notamment à la tête des services de renseignement. Des responsables saoudiens ont affirmé que le prince Mohammed n'avait "pas été informé" de l'opération contre Khashoggi.

 

Une Arabie "totalement différente" dans 5 ans. Le prince héritier d'Arabie saoudite a affirmé mercredi que son pays serait "totalement différent" dans cinq ans, promettant de continuer dans la voie des réformes pour diversifier l'économie du royaume pétrolier. Dans une déclaration surprenante à l'égard du Qatar, pays avec lequel Ryad a rompu en juin 2017, il a fait l'éloge de l'économie de son voisin, des propos inédits d'un responsable saoudien sur ce pays depuis la rupture. "Je crois que le Moyen-Orient est la nouvelle Europe", a affirmé le prince devant le Forum international sur l'investissement (FII), réuni à Ryad. "Dans cinq ans, l'Arabie saoudite sera totalement différente. Bahreïn sera différent, de même que le Koweït. Même le Qatar, avec qui nous sommes en désaccord, a une économie solide et sera totalement différent dans cinq ans", a-t-il dit. MBS est à l'origine d'un plan de réformes économiques et sociales, qui prévoit des méga-projets futuristes et vise à diversifier les ressources du royaume et à l'orienter davantage vers les services et les nouvelles technologies, loin du pétrole. "Si nous réussissons dans les cinq années à venir, d'autres pays (de la région) nous suivront", a-t-il affirmé.