Le procès à Bagdad de la Française Mélina Boughedir, condamnée dimanche à la réclusion à perpétuité pour appartenance au groupe Etat islamique, était "expéditif" et n'a "en aucun cas" respecté ses droits à la défense, a affirmé dimanche la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH).
Un procès "mené de manière expéditive". "L'Irak est certes un Etat souverain pouvant juger les ressortissants étrangers ayant commis des crimes sur son territoire, à condition évidemment qu'ils aient le droit à un procès équitable", relève Patrick Baudouin, avocat et président d'honneur de la FIDH. "Or, le procès de Mélina Boughedir a été mené de manière expéditive", et "ne reconnaissait en aucun cas ses droits à la défense", poursuit Me Baudouin.
L'avocat s'est par ailleurs ému des déclarations, en amont du procès, du ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, qui avait décrit jeudi Mélina Boughedir comme une "terroriste" de l'EI ayant "combattu contre l'Irak". Cette qualification "la condamnait par avance à une condamnation lourde", assure Me Baudouin. Celui-ci dénonce une "atteinte absolue à la présomption d'innocence (...) révélatrice de l'effondrement actuel des valeurs démocratiques dans la lutte anti-terroriste".
Les avocats de Mélina Boughedir fustigent une "ingérence inacceptable". Mélina Boughedir, 27 ans, a été condamnée dimanche à la perpétuité par un tribunal de Bagdad. Cette peine équivaut à 20 années de réclusion au regard de la législation irakienne. Ses avocats français, William Bourdon, Martin Pradel et Vincent Brengarth, ont accusé Paris de chercher à empêcher tout retour de ses ressortissants djihadistes. Ils ont dénoncé dans un récent courrier une "volonté à tout prix, et au sacrifice des principes fondamentaux, que (leur) cliente ne revienne pas" en France, et fustigé une "ingérence inacceptable".
Les avocats de Mélina Boughedir annoncent leur volonté de faire appel
Interrogé dimanche sur francinfo, William Bourdon, l'un des quatre avocats de Mélina Boughedir, a annoncé son intention de faire appel du jugement rendu par la justice irakienne à l'encontre de sa cliente. Un choix qui "s'impose", selon lui. "Comment douter du caractère politique de cette décision et du fait que le message envoyé bien imprudemment par Jean-Yves Le Drian a été reçu cinq sur cinq par Bagdad", a-t-il déclaré.