Le rapport des experts de l'Organisation internationale pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), confirmant l'utilisation de gaz sarin lors de l'attaque du 4 avril en Syrie, se base sur des "données douteuses", a estimé vendredi la diplomatie russe. En revanche, la diplomatie française a salué un rapport qui "conclut sans équivoque" à l'utilisation du "sarin, un neurotoxique de guerre".
Selon le rapport publié vendredi de la mission d'enquête de l'OIAC, des "personnes ont été exposées au sarin, une arme chimique". "Je condamne fermement cette atrocité qui contredit totalement les normes de la Convention sur les armes chimiques", a déclaré le directeur général de l'OIAC, Ahmet Üzümcü, en appelant à "engager des poursuites" contre les auteurs de cette "horrible attaque". Le résultat du rapport va maintenant servir de base à une commission conjointe entre l'ONU et l'OIAC, qui devra dire si les forces du régime syrien sont responsables de ce bombardement chimique sur la localité de Khan Cheikhoun.
Un rapport montrant des signes "d'une commande politique" ? "Nous sommes obligés de constater que ses conclusions sont toujours fondées sur des données très douteuses", a indiqué le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué, en assurant y voir des signes d'une "commande politique". Une mission d'enquête de l'OIAC a conclu qu' "un grand nombre de personnes, dont certaines sont mortes, ont été exposées au sarin ou à un produit de type sarin", dit ce rapport confidentiel de l'organisation, dont l'AFP a obtenu des extraits.
Trouver les "vrais responsables de ce crime". Pour la diplomatie russe, ce rapport "pousse indirectement tout lecteur qui ignore toutes les circonstances de l'affaire à conclure que les forces gouvernementales syriennes sont responsables" de cette attaque. Moscou espère que la commission conjointe ONU/OIAC "fera preuve d'un haut professionnalisme et d'impartialité politique afin de trouver les vrais responsables de ce crime", souligne le communiqué.
Des "conclusions incontestables" pour le Quai d'Orsay. Pour sa part, la diplomatie française a salué dans un communiqué ce rapport qui "conclut sans équivoque que du sarin, un neurotoxique de guerre, a été utilisé lors de l'attaque". "Les conclusions du rapport sont incontestables, comme la rigueur des méthodes, l'indépendance de l'analyse et l'impartialité des membres de la mission d'établissement des faits", souligne le Quai d'Orsay, en assurant que ces conclusions "sont fondées sur de nombreux échantillons biologiques et environnementaux, analysés par des laboratoires certifiés par l'OIAC".
87 morts dans l'attaque de Khan Cheikhoun. L'attaque avait fait 87 morts, dont de nombreux enfants, et avait été attribuée par les Occidentaux au régime de Bachar al-Assad. Ce dernier, soutenu par son allié russe, avait démenti en être à l'origine. En riposte à cette attaque chimique, le président américain Donald Trump avait lancé une attaque de missiles Tomahawk dans la nuit du 6 au 7 avril sur la base syrienne d'al-Chayraate. Lundi, Donald Trump a mis en garde le régime de Bachar al-Assad contre toute nouvelle utilisation de gaz dans la guerre qui déchire le pays.