Quelques heures après la fusillade qui a fait douze morts mercredi soir dans un bar de Los Angeles, le tireur a été identifié. C'est un ancien soldat, Ian Long, 28 ans, qui a commis ce carnage lors d'une soirée rassemblant plus d'une centaine de personnes, dont de nombreux étudiants, dans la ville de Thousand Oaks. L'ex-militaire s'est donné la mort. Il avait servi dans le corps d'élite des Marines et notamment été déployé en Afghanistan durant sept mois. Les autorités ont indiqué que ses motivations restaient inconnues.
Un ancien militaire plusieurs fois décoré
Ian David Long de son nom complet avait servi dans le corps d'élite des Marines, de 2008 à 2013. Il a été déployé en Afghanistan et avait reçu à ce titre plusieurs décorations avant de quitter l'armée avec le grade de sergent. Il souffrait d'un syndrome post-traumatique et était suivi depuis la fin de son service. Selon le ministère des Anciens Combattants (VA), jusqu'à 20% des soldats déployés en Irak ou en Afghanistan souffrent de syndrome post-traumatique. Le soldat était d'ailleurs connu des services de police et de ses voisins pour des troubles psychiques et rien ne laissait penser aux enquêteurs que son geste soit lié au terrorisme ou à un quelconque groupe extrémiste.
Mercredi soir, Ian Long s'est présenté à l'entrée du Borderline Bar and Grill, armé d'un pistolet Glock doté d'un chargeur à capacité augmentée. Il a abattu le garde de sécurité avant de pénétrer dans l'établissement pour y perpétrer sa tuerie, a relaté Geoff Dean, le shérif du comté de Ventura en périphérie de Los Angeles. "J'ai vu le tireur, il était habillé en noir, avec des lunettes, camouflé. Il a sorti une arme et a commencé à tirer", a raconté un client habituel de ce bar. Parmi les victimes figure un policier de 54 ans, l'un des premiers à être intervenu sur les lieux. Vingt-trois autres personnes ont été soignées dans des hôpitaux de la région, avant de pouvoir rentrer chez elles.
Un mobile inconnu
Les autorités ignoraient jeudi la raison pour laquelle Ian Long, qui ne semblait pas avoir de cible spécifique à l'intérieur du bar, a commis ce carnage. En avril, des policiers se sont rendus chez lui car il agissait de "manière irrationnelle", justifiant le déplacement d'agents spécialisés en troubles psychologiques. In fine, Ian Long n'a pas été arrêté ni interné, mais a laissé aux forces de l'ordre l'impression qu'il souffrait de stress post-traumatique, vraisemblablement lié à ses antécédents militaires.
Ian Long vivait avec sa mère dans un quartier cossu de Thousand Oaks. "C'est une dame très gentille mais elle a eu beaucoup de problèmes avec son fils", a déclaré au Los Angeles Times un voisin, Richard Berge, selon qui Ian Long souffrait effectivement de ce syndrome de stress répandu chez les anciens soldats. Le jeune homme s'était plus d'une fois fait remarquer en donnant de violents coups dans les murs de sa maison, selon plusieurs voisins. La police et le FBI étaient présents en masse jeudi matin devant le domicile de Ian Long, archétype de la maison américaine avec drapeau étoilé et gros pick-up garé devant.
"Il tirait autant de balles qu'il pouvait"
Le bar organisait tous les mercredis des soirées étudiantes, ouvertes aux jeunes majeurs. Le shérif a estimé que les victimes avaient probablement entre 21 et 26 ans. Matt Wennerstrom, un étudiant de 20 ans, fréquentait régulièrement l'établissement. Ian Long "tirait autant de balles qu'il pouvait, et quand il rechargeait, les gens essayaient de s'enfuir", a-t-il raconté au Los Angeles Times.
La plupart des témoins cités par les médias américains, en majorité des étudiants des nombreuses universités de cette banlieue résidentielle de Los Angeles, ont décrit des scènes de panique après les premiers coups de feu : bousculade et clients piétinés, certains se réfugiant dans les toilettes ou sur un balcon, d'autres brisant les fenêtres et sautant au travers... "Tout le monde s'est jeté au sol très rapidement. Tout le monde voulait sortir le plus vite possible", a déclaré une jeune femme, qui s'est elle-même enfuie avec une amie par l'arrière-cuisine.
Le stress post-traumatique, blessure invisible de nombreux vétérans
Aux États-Unis, les troubles mentaux des soldats rentrés du front avaient été révélés en avril 2014 lorsque Ivan Lopez, qui avait été déployé en Irak, avait abattu trois personnes à Fort Hood, dans le Texas, avant de se suicider. Les symptômes vont de l'insomnie à la dépression en passant par des crises de panique, des épisode d'auto-mutilation, des manifestations d'irritabilité ou des violences. En 2015, un rapport avait estimé qu'au moins 10% des condamnés à la peine capitale aux Etats-Unis étaient des anciens combattants traumatisés par la guerre et reconnus coupables d'un meurtre une fois démobilisés.
Selon le ministère des Anciens combattants (VA), jusqu'à 20% des soldats déployés en Irak et en Afghanistan souffrent de PTSD et 30% des anciens du Vietnam ont eu des problèmes psychologiques. Le PTSD est causé par une multitude de facteurs comme la vision, en tant que victime ou auteur, des horreurs de la guerre, ou l'état d'alerte constant lors du déploiement, notamment en Irak où les convois étaient perpétuellement à la recherche de bombes artisanales cachées au bord des routes. Ce stress est parfois difficile à calmer après que le soldat a quitté la zone de combat.