Des législatives cruciales pour l'avenir de la Géorgie, divisée entre une opposition pro-européenne et un parti au pouvoir accusé de dérive autoritaire prorusse, se déroulent samedi, un scrutin émaillé d'actes de violence qualifiés de "profondément préoccupants" par sa présidente.
Les bureaux de vote ont ouvert vers 08H00 heure locale. Leur fermeture est prévue pour 20H00 (16H00 GMT), avec dans la foulée de premiers sondages et des résultats préliminaires attendus dans la soirée.
Contexte politique et enjeux électoraux
De récentes enquêtes d'opinion indiquent qu'une alliance inédite de formations d'opposition pourrait vaincre le Rêve géorgien, le parti conservateur du milliardaire Bidzina Ivanichvili, qui tire depuis une dizaine d'années dans l'ombre les ficelles du pouvoir dans cette ancienne république soviétique du Caucase.
"Cette journée va déterminer l'avenir du pays", a prévenu après avoir voté la présidente pro-européenne, Salomé Zourabichvili, en rupture avec le gouvernement. Bruxelles a averti que l'issue du vote déterminerait les chances de la Géorgie d'entrer dans l'UE. Ce pays d'environ quatre millions d'habitants a inscrit cette aspiration dans sa Constitution.
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Participation électorale et incidents
En milieu d'après-midi, cinq heures avant la fermeture des bureaux de vote, la participation était de 41,62%, en hausse par rapport à 2016 (34,79%) et 2020 (36,45%). Surveillé par des observateurs internationaux, le scrutin a été marqué par plusieurs incidents, largement relayés en ligne.
La commission électorale a annoncé dans l'après-midi avoir été saisie de 133 réclamations sur des violations du secret du vote, des incidents à l'extérieur de bureaux de vote, des obstacles au travail des observateurs... Une vidéo sur une bagarre dans un bureau de vote à Tbilissi a poussé Salomé Zourabichvili à demander au ministre de l'Intérieur d'agir.
Élections législatives en Géorgie :
— Random Debunk (@osint_random) October 26, 2024
Incidents signalés à Marneouli.
Des bourrages d'urnes ont été constatés et un observateur a été agressé.
via @CivilGe
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À Tbilissi, Guiorgui Kipchidzé, un musicien de 48 ans, croit dans la victoire de l'opposition. "La plupart des Géorgiens ont compris que le gouvernement actuel nous ramène vers le marais russe et nous éloigne de l'Europe". Un autre électeur, Giga Abouladzé, a fait le choix inverse, considérant que le Rêve géorgien travaille "pour le peuple".
L'expert Gela Vasadzé, du Centre d'analyse stratégique sur la Géorgie, a prévenu d'un risque de "troubles post-électoraux", si "le parti au pouvoir tente d'y rester quel que soit le résultat". En cas de victoire, l'alliance d'opposition a promis des réformes électorales, judiciaires et l'abrogation de lois décriées.
Tensions politiques
Le Rêve géorgien, au pouvoir depuis 2012, est accusé de s'être engagé dans une spirale vers un régime autoritaire prorusse. Certains de ses dirigeants sont très critiques envers l'Occident, et le parti s'est présenté comme le seul capable d'empêcher une supposée "Ukrainisation" de la Géorgie.
La Géorgie a été secouée en mai par de grandes manifestations contre une loi sur "l'influence étrangère". Bruxelles a gelé le processus d'adhésion de la Géorgie à l'UE, et les États-Unis ont pris des sanctions contre des responsables géorgiens.
La récente promulgation d'une loi restreignant les droits des personnes LGBT+ en Géorgie a également exacerbé les tensions avec les Occidentaux.