Une cellule terroriste liée à l'Etat islamique, démantelée le week-end dernier, prévoyait d’attaquer une dizaine de sites en utilisant des produits chimiques et biologiques, au Maroc. Olivier Lepick, historien des armes chimiques, chercheur associé à la Fondation pour la recherche stratégique, revient sur ces armes, qu'on appelle "bombes sales" et sur leur véritable impact.
Qu’est-ce qu’une "bombe sale" exactement ?
"C’est une bombe dans laquelle on ajoute un certain nombre de composants qui ne sont pas de nature explosive ou métallique. Une bombe "normale" fonctionne avec de l’explosif inséré dans du métal, et lorsque l’on fait détonner cet explosif, les morceaux de métaux provoquent des victimes. Dans une bombe sale, on ajoute des substances de nature chimique, biologique ou même radioactive, dans le but de provoquer un impact différent d’une bombe dite conventionnelle".
Quels sont ces effets dont vous parlez ?
"Les bombes qui utilisent des substances biologiques, par exemple, auraient pour effet de diffuser des virus et donc de provoquer des épidémies.On peut aussi envisager des substances radioactives qui, elles, pourraient contaminer une zone relativement importante. Mais quand on pense aux bombes sales, on pense avant tout à l’hyper-terreur qu’elles génèrent. Si les substances qu’elles utilisent ne sont pas très efficaces d’un point de vue militaire ou tactique, elles sont en revanche très efficaces dans le cadre d’une action terroriste de par leurs effets psychologiques. Ce sont des armes qui ont un potentiel psychologique énorme".
Ces bombes sales sont-elles régulièrement utilisées ?
"Non, car le mécanisme de diffusion des agents chimiques ou biologiques est très complexe. Et leur militarisation, c’est-à-dire leur transformation en arme, l’est tout autant. Il y a très peu de précédents de leur utilisation par des organisations terroristes et aujourd’hui Daech est potentiellement la seule organisation susceptible de militariser un agent chimique, en l’occurrence le gaz moutarde".