Florence Faucher-King, professeure à Sciences-Po au Centre d'études européennes, était l’invitée de David Abiker, dimanche, dans "C’est arrivé demain", pour parler des risques de Brexit.
Alors qu’un sommet européen se tiendra jeudi et vendredi à Bruxelles, Florence Faucher-King était l’invitée de David Abiker, dimanche, dans C’est arrivé demain. Cette professeure à Sciences-Po au Centre d'études européennes, co-auteure de l’essai Les gouvernements New Labour. Bilan de Tony Blair et Gordon Brown, avec Patrick Le Galès, a présenté les enjeux de cette réunion durant laquelle la question brûlante du Brexit sera négociée avec les membres de l'Union européenne. Le premier ministre britannique, David Cameron, en visite lundi auprès de François Hollande, espère obtenir un accord pour éviter que le Royaume-Uni ne sorte de l'UE.
Cameron, "leader faible". "David Cameron a besoin d’obtenir des concessions pour pouvoir se présenter face à ses électeurs et à son parti comme ayant obtenu ces concessions, afin d’organiser un référendum, si possible avant l’été", explique la politologue. Ce référendum pourrait se tenir le 23 juin, de façon à ce que l'opposition et les pro-Brexit n'aient pas beaucoup de temps pour s'organiser et faire campagne sur une sortie de l'Europe.
C'est en 2013, "alors qu'il est menacé à droite par les souverainistes et l'United Kingdom Independence Party (Ukip)" que "David Cameron promet un référendum", développe Florence Faucher-King. Le leader du Parti conservateur a donc "besoin de calmer son aile droite et d'obtenir des gages". "On pourrait dire que David Cameron a toujours été un leader faible", notamment parce qu'il a choisi "à plusieurs reprises d'user de référendums", ce qui n'est pas dans la tradition britannique, complète la spécialiste.
Quelles conséquences à un éventuel Brexit ? Dans l’hypothèse où un Brexit aurait lieu, les Britanniques "ont certainement à gagner le sentiment d’être différents, de garder leur souveraineté nationale, leur souveraineté parlementaire", analyse Florence Faucher-King. Néanmoins, le manque à gagner en cas de Brexit semble beaucoup plus important, de l'avis de la politologue. "Une part importante de leurs échanges commerciaux se fait avec l'Europe et ils sont liés par les réglementations de l'UE. En partant, ils seraient, de la même manière, soumis à ces réglementations, sans être à la table des négociations", explique-t-elle. "Ils ont beaucoup à perdre". La City notamment.
Le risque d'une scission avec l'Ecosse. D'autre part, les conséquences du Brexit, que la spécialiste juge "compliquées et inquiétantes", pourraient également entraîner l'indépendance de l'Ecosse. "Compte tenu des attitudes extrêmement pro-européennes des Ecossais, on peut imaginer qu'un deuxième référendum soit organisé et on peut imaginer à ce moment-là, non seulement un Brexit mais aussi un 'break-up'", avance Florence Faucher-King. La politologue met en garde : David Cameron pourrait être "le dirigeant qui a fait, non seulement partir le Royaume-Uni de l'UE, mais qui a aussi détruit en quelque sorte le Royaume-Uni, en royaume désuni".