chine 1:22
  • Copié
Sébastien Le Belzic (à Pékin), avec AFP
Timidement, la Chine sort de sa politique "zéro covid". Un retour à la normale qui se fait pas à pas suite aux manifestations de colère populaire mais aussi pour relancer l'économie du pays. Les Chinois, toujours anxieux face au Covid et attachés à leurs habitudes, tendent à apprécier ce retour progressif.

La capitale chinoise montrait jeudi de premiers signes de retour à la normale, au lendemain de l'annonce d'un assouplissement général des restrictions sanitaires en vigueur depuis bientôt trois ans. Alors que ces dernières semaines nombre d'entreprises et d'écoles avaient fermé, la circulation des voitures dans les rues de Pékin reprenait à la moitié de son niveau habituel, a constaté un journaliste de l'AFP. Les transports en commun, notamment les bus, étaient toutefois très loin d'être bondés et certains étaient même quasi-déserts.

Un allégement progressif

"Il n'y a pas vraiment plus de monde ce matin que les jours précédents, avant la levée des restrictions. C'est très calme. Je pense que les gens ont encore peur de sortir", confiait le gérant d'un café Starbucks. Le pays affronte ces dernières semaines une vague de Covid-19, même si le nombre de contaminations reste infime par rapport à la population chinoise (21.165 nouveaux cas locaux annoncés jeudi, pour 1,4 milliard d'habitants). Mercredi, les autorités sanitaires ont pourtant annoncé un assouplissement général des restrictions sanitaires, après des manifestations de colère populaire et aussi dans l'espoir de relancer l'économie, asphyxiée par le "zéro Covid".

 

Parmi les principales mesures dévoilées, la fin des tests PCR systématiques et à grande échelle, la possibilité de s'isoler à domicile pour les cas bénins et asymptomatiques, et un recours plus limité aux confinements. Aucun test PCR n'est plus demandé pour les voyages entre provinces, mais un résultat négatif datant de moins de 48 heures est toujours exigé pour entrer dans les restaurants et les cafés, qui rouvrent en douceur.

Des habitudes toujours ancrées

Le discours des autorités se veut désormais rassurant, en soulignant le caractère moins nocif du variant Omicron. Et l'expression "zéro Covid" disparaît progressivement du vocabulaire des autorités. Mais les habitudes ont la vie dure : jeudi, si la fréquentation des stands de tests PCR disséminés dans Pékin a diminué, on y voyait encore des habitants faire la queue, avec des files d'attente de 10 minutes en moyenne. "Je viens faire un test parce que quelqu'un dans mon bureau a été testé positif. J'espère que je n'ai pas attrapé le Covid", déclare à l'AFP Chen Min, 28 ans, emmitouflée dans sa doudoune.

Au micro d'Europe 1, une jeune pékinoise, toujours masquée, explique qu'elle fait plus que jamais attention. Une sortie du "zéro Covid" est pour elle une bonne nouvelle, mais tout vient à point à qui sait attendre. "Je pense que l'assouplissement de la politique est suffisant pour le moment, ça doit être un processus progressif et on ne peut pas dire que nous allons lever toutes les restrictions d'un seul coup. Ces mesures sont aussi une sorte de protection pour nous."

Derrière elle dans la file, Zhang Lan, un livreur de repas, vient se faire dépister car "c'est une demande de l'entreprise" pour éviter de contaminer les clients. D'autres viennent se faire tester car ils travaillent dans l'hôtellerie-restauration. Dans le centre commercial voisin, la foule ne se presse pas et le cinéma n'a pas encore rouvert. À l'entrée, l'agent de sécurité contrôle le pass sanitaire des visiteurs mais plus les résultats de tests PCR.

Les pharmacies prises d'assaut

À la pharmacie Gaoji, c'est un flot incessant de clients qui arrivent, toutes les minutes, pour demander des médicaments contre le rhume et la fièvre, désormais accessibles sans nécessité de présenter sa pièce d'identité ni un test PCR négatif. Face à la hausse des cas, les habitants veulent avoir de quoi se soigner s'ils attrapent le Covid-19. "Mais on est en rupture de stock pour ce type de médicaments. On n'a même plus de vitamine C", explique Sun Qing, une employée en blouse blanche. Le nombre de malades n'a jamais été aussi élevé en Chine, d'où cette inquiétude de la population, sachant que le système de santé ici est encore très fragile.

 

"Depuis deux-trois jours, les gens ont senti qu'il y aurait des assouplissements, donc ils sont venus pour acheter des médicaments contre le rhume et la fièvre. Certains en ont malheureusement pris bien plus que nécessaire, ça pourrait leur suffire pendant un an!", déplore-t-elle. "Il n'y a pas de limite à l'achat pour l'instant mais je pense que ça va venir. Je ne sais pas encore quand on sera réapprovisionnés", dit-elle.

À côté, une sexagénaire ne semble pas plus inquiète que cela. "Il y a des médicaments de base contre le rhume à notre comité de quartier (l'administration chinoise locale, ndlr) et ils nous en distribueront en cas de besoin", explique-t-elle.