Une puissante commission parlementaire américaine, dirigée par les démocrates, a lancé lundi une vaste enquête sur Donald Trump en demandant à 80 personnalités et organisations, dont deux fils du président républicain, Eric et Donald Jr., ainsi qu'à son gendre Jared Kushner, qu'elles leur livrent des documents.
La commission judiciaire de la chambre basse du Congrès enquête sur des soupçons d'"entrave à la justice, de corruption et d'autres abus de pouvoir de la part du président Trump, ses associés et des membres de son administration", précise-t-elle dans un communiqué.
Steve Bannon et Julian Assange également contactés. Elle a contacté 81 personnes et organisations au total, dont Allen Weisselberg, directeur financier de la Trump Organization, l'avocat personnel du président Jay Sekulow, d'anciens responsables de la Maison Blanche comme Steve Bannon, Sean Spicer et Hope Hicks, ainsi que le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange.
Dans les lettres, la commission les exhorte à livrer les documents d'ici le 18 mars. "Ces dernières années, le président Trump n'a pas eu à rendre des compte sur ses attaques presque quotidiennes contre nos règles et normes légales, éthiques et constitutionnelles fondamentales", a écrit le président démocrate de cette commission, Jerrold Nadler. "Il s'agit d'une période critique pour notre nation et nous avons la responsabilité d'enquêter", poursuit-il.
Dimanche, Jerry Nadler, élu de la Chambre des représentants, avait expliqué que les soupçons d'entrave à la justice s'appuyaient sur les accusations répétées de "chasse aux sorcières" lancées par le 45e président des Etats-Unis à l'encontre de l'enquête du procureur spécial Robert Mueller sur une possible collusion avec la Russie.
Trump qualifie l'enquête de "bidon". Le président américain n'a pas tardé à réagir. Qualifiant l'enquête de "bidon", il a néanmoins assuré qu'il coopérerait. "Je coopère avec tout le monde", a-t-il lancé. "La Maison Blanche a reçu la lettre de la commission judiciaire", a fait savoir de son côté sa porte-parole Sarah Sanders dans un communiqué. Les services juridiques et les responsables de la Maison Blanche concernés "vont l'étudier et y répondront en temps voulu", a-t-elle ajouté.
La porte-parole de la Maison Blanche, Sarah Sanders, a également critiqué les démocrates lundi soir, qualifiant ces enquêtes parlementaires de "honteuses". "Aujourd'hui, le président (de la commission judiciaire de la Chambre des représentants Jerry) Nadler a ouvert une enquête honteuse [...] sur des allégations fausses et rebattues sur lesquelles le procureur spécial et des commissions dans les deux chambres du Congrès ont déjà enquêté", a déclaré Sarah Sanders.
Le poids grandissant des démocrates. Les démocrates ont repris la majorité à la Chambre en janvier, avec la promesse de lancer nombreuses enquêtes parlementaires contre le président après deux ans de majorité républicaine. Ces nouvelles investigations, et la multitude de documents exigés, pourraient fournir des munitions aux démocrates s'ils lançaient une éventuelle procédure de destitution, ou "impeachement", contre Donald Trump. Mais les chefs démocrates du Congrès apparaissent encore réticents à jouer cette carte, qui semble difficile à concrétiser tant que les républicains contrôlent le Sénat, et qui pourrait galvaniser la base du président.