Les députés britanniques ont massivement rejeté mardi l'accord de Brexit négocié par la Première ministre conservatrice Theresa May avec Bruxelles, plongeant le Royaume-Uni dans l'incertitude sur son avenir à deux mois et demi de la date prévue de sa sortie de l'Union européenne. "La chambre a parlé et ce gouvernement écoutera", a déclaré Theresa May immédiatement après le vote, proposant des discussions entre les partis pour déterminer la voie à suivre.
Une motion de censure déposée. Cette humiliante défaite a poussé le chef de l'opposition travailliste, Jeremy Corbyn, à déposer une motion de censure contre le gouvernement, qui sera débattue mercredi. "J'ai introduit une motion de censure contre ce gouvernement", a dit Jeremy Corbyn, qualifiant de défaite "catastrophique" pour le gouvernement le résultat du vote sur l'accord de Brexit. Le rejet de l'accord est tout sauf une surprise tant l'opposition était forte contre ce "Traité de retrait" de l'UE, âprement négocié pendant 17 mois avec Bruxelles, mais qui n'a convaincu ni les Brexiters, ni les europhiles.
Un "plan B" à présenter. La chambre des Communes a rejeté l'accord de divorce par 432 voix, 202 s'étant prononcé pour, restant sourde à une ultime mise en garde de Theresa May contre "l'incertitude" que provoquerait un rejet. Cette défaite par 230 voix est la plus importante essuyée par un gouvernement britannique depuis les années 1920. Theresa May a désormais jusqu'à lundi pour présenter au Parlement un "plan B", si elle survit à la motion de défiance. Plusieurs options s'offrent à elle : s'engager à retourner négocier à Bruxelles ou demander un report de la date du Brexit, prévue le 29 mars. Le rejet du texte ouvre également la possibilité d'un divorce sans accord, particulièrement craint par les milieux économiques.
"Le risque d'un Brexit sans accord s'est accru". Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a estimé que le rejet par le Parlement britannique de cet accord a accru le risque d'un divorce sans accord. "J'appelle le Royaume-Uni à clarifier ses intentions dès que possible. Le temps est presque écoulé", a déclaré le président de l'exécutif européen, juste après le vote britannique, dans un communiqué. De son côté, Emmanuel Macron a déclaré que "la pression est plutôt chez eux", en apprenant le vote de Westminster alors qu'il répondait à une question sur l'inquiétude des pêcheurs français depuis l'Eure. Le président français a supposé que les Britanniques vont désormais "essayer d'améliorer ce qu'(ils) peuvent obtenir des Européens" avant de refaire un vote, une option à laquelle "(il) ne croit pas tellement parce qu'on était au bout de ce qu'on pouvait faire dans l'accord", avant de "prendre plus de temps" et donc "demander à avoir un plus grand délai pour renégocier quelque chose".