Ils ont massivement dit "Yes". Les Irlandais ont approuvé à une majorité écrasante la libéralisation de l'avortement lors d'un référendum historique organisé vendredi dans leur pays à forte tradition catholique, selon des résultats définitifs annoncés samedi.
66,4% des électeurs irlandais ont voté en faveur du changement constitutionnel, a annoncé la commission électorale irlandaise, un résultat que le Premier ministre irlandais Leo Varadkar a qualifié de "révolution tranquille". La participation a atteint 64,1%. Sur 2,15 millions de bulletins de vote exprimés, quelque 1,43 million se sont exprimés en faveur du changement de législation.
"L'aboutissement d'une révolution". Le Premier ministre Leo Varadkar a estimé samedi que le "oui" constituait "l'aboutissement d'une révolution tranquille". "Ce que nous voyons aujourd'hui, c'est l'aboutissement d'une révolution tranquille qui s'est déroulée en Irlande au cours des 10 ou 20 dernières années", a-t-il déclaré sur la chaîne publique RTE, avant la diffusion des résultats définitifs. "Le peuple a dit que nous voulons une Constitution moderne pour un pays moderne, que nous faisons confiance aux femmes et que nous les respectons pour prendre les bonnes décisions concernant leur propre santé."
Dans la capitale irlandaise, la cour du château de Dublin a été envahie par des centaines de personnes qui ont accueilli les résultats avec des cris de joie et des larmes d'émotion :
— soniastolper (@soniastolper) 26 mai 2018
Projet de loi d'ici l'automne. Dans ce petit pays de 4,7 millions d'habitants, l'avortement n'était alors possible qu'en cas de danger pour la vie de la mère. Le gouvernement a proposé d'autoriser l'avortement pendant les 12 premières semaines de grossesse, et jusqu'à 24 semaines pour raisons de santé. Leo Varadkar a indiqué que la nouvelle législation serait promulguée "avant la fin de cette année". Le ministre de la Santé, Simon Harris, a précisé que l'exécutif se réunirait mardi pour discuter du projet de loi avec l'objectif de le présenter "à l'automne" au Parlement, où il devrait être adopté sans difficulté.
Une âpre campagne. Cora Sherlock, porte-parole de la "Pro Life Campaign", a elle évoqué "un jour désastreux" tandis que John McGuirk de la campagne anti-IVG "Save the 8th", ne s'est pas avoué vaincu. "Chaque fois qu'un enfant à naître verra sa vie terminée en Irlande, nous nous y opposerons et ferons entendre notre voix", a-t-il dit dans un communiqué. Quelque 3,5 millions d'électeurs étaient appelés à se prononcer vendredi à l'issue d'une âpre campagne, dont un des grands axes fut la mobilisation de l'électorat, les militants anti-avortement tablant sur un sursaut de l'Irlande rurale, tandis que les pro-choix ont fortement encouragé les jeunes à voter.