Près de 500.000 Rohingyas ont fui la Birmanie pour trouver refuge à la frontière avec le Bangladesh. Ils y vivent dans des conditions sanitaires alarmantes, selon l'ONU qui parle de crise humanitaire. Alors que les regards sont désormais braqués sur cette région du monde, le gouvernement nationaliste hindou a évoqué la volonté d'expulser les 40.000 membres de cette communauté musulmane vivant sur son territoire, rapporte Le Monde.
Une "menace pour la sécurité nationale". Aux yeux du ministre de l'Intérieur indien Rajnath Singh, les Rohingyas constitueraient une "menace pour la sécurité nationale" et seraient suspectés d'entretenir des liens avec des organisations terroristes, ajoute Les Échos. Le ministère a d'ailleurs diffusé une circulaire, le 19 août dernier, afin d'identifier et d'expulser les Rohingyas : une mesure récemment appliquée à la frontière avec le Bangladesh, où des membres de la communauté ont été refoulés. Campant sur positions, le gouvernement hindou a argué mardi que les Rohingyas constituaient un "danger potentiel" pour "la sécurité intérieure" indienne et l'harmonie du "tissu social".
"Nous sommes terrorisés à l'idée que le gouvernement indien nous renvoie". Un recours a été déposé par les Rohingyas eux-mêmes devant la Cour suprême de New Delhi pour faire annuler cette décision. "Nous sommes terrorisés à l'idée qu'il [le gouvernement indien, ndlr] puisse nous renvoyer", témoigne l'un d'entre eux. Les Échos explique que ces expulsions violent plusieurs articles de la Constitution indienne dont le droit à la vie et le droit à l'égalité. Le Monde rappelle que les musulmans sont les principales victimes de violences en Inde, de la part d'Hindous radicalisés.
L'Inde a des projets d'infrastructures en Birmanie. Selon certains experts cités par Les Échos, New Delhi ne souhaite pas "froisser" la Birmanie. Lors d'un voyage diplomatique début septembre, le Premier ministre Narendra Modi n'avait d'ailleurs même pas évoqué la question des réfugiés. Une manière de "contre carrer la présence de la Chine" en Birmanie, d'après un universitaire pour qui New Delhi "met les bouchées doubles en développant des projets d'infrastructure dans le pays".