Les spéculations se multiplient alors que les Etats-Unis abattent un nouvel «objet» volant
En moins de 10 jours, l'armée américaine a abattu un troisième objet volant, cette fois-ci près de la frontière canadienne. Depuis la découverte du ballon chinois supposé espion, les États-Unis ont ajusté leurs radars, permettant la découverte de ces objets plus petits et se déplaçant plus lentement.
Un avion de combat américain a abattu dimanche un nouvel "objet" volant près de la frontière canadienne, dernier en date des trois mystérieux engins repérés depuis que les radars militaires ont été améliorés suite à la destruction d'un ballon chinois supposé espion . Les Américains, inquiets, suveillent le ciel pendant que les incursions mystérieuses se succèdent dans un contexte de tensions accrues avec la Chine - bien que seul le premier objet ait été attribué à Pékin jusqu'à présent.
Un objet "octogonal" sans nacelle visible
Dimanche, le Pentagone a dit ignorer pour l'heure la nature des trois autres objets - un abattu vendredi au-dessus de l'Alaska, un samedi au-dessus du territoire canadien du Yukon et le plus récent dimanche au-dessus du lac Huron qui sépare l'État américain du Michigan de la province canadienne de l'Ontario. Mais il a toutefois précisé que l'objet abattu dimanche avait été suivi depuis près d'une journée et ne ressemblait pas au ballon de surveillance chinois présumé qui a été détruit au large de la côte atlantique le 4 février après avoir traversé le pays.
Bien qu'il n'ait pas été considéré comme une "menace militaire" pour le sol, il a été abattu par un F-16 parce que son parcours et son altitude auraient pu représenter un risque pour l'aviation civile, a précisé le Pentagone. Il s'agit cette fois d'un objet "octogonal" sans nacelle visible, qui volait à environ 6.000 mètres d'altitude dans l'Etat du Michigan, selon un haut responsable de l'administration. Le général Glen VanHerck, chef du commandement de la défense aérospatiale pour l'Amérique du Nord (Norad), a déclaré aux journalistes qu'après avoir envoyé des avions pour inspecter le dernier objet, ils ont conclu qu'il n'y avait aucune indication d'une quelconque menace.
Refusant de décrire la forme ou la taille des objets, il a néanmoins précisé qu'ils se déplaçaient très lentement, à peu près à la vitesse du vent. Les spéculations sur la nature de ces objets se sont multipliées ces derniers jours. "Je vais laisser les services de renseignement et de contre-espionnage répondre à cette question", a répondu Glen VanHerck aux journalistes lorsqu'on lui a demandé s'il était possible que les objets soient des extraterrestres. "Je n'ai rien exclu à ce stade".
Objets mystérieux
Les trois objets abattus depuis vendredi ont été détectés après que la défense aérienne américaine a ajusté les paramètres du radar pour rechercher des objets plus petits et se déplaçant plus lentement, a indiqué la secrétaire adjointe à la défense Melissa Dalton. "À la lumière du ballon de la République populaire de Chine que nous avons abattu samedi dernier, nous avons examiné de plus près notre espace aérien à ces altitudes, notamment en renforçant notre radar, ce qui peut expliquer, du moins en partie, l'augmentation du nombre d'objets que nous avons détectés au cours de la semaine dernière", a-t-elle déclaré aux journalistes.
Elle a précisé que les autorités avaient connaissance du fait qu'il existe des objets dérivant à de telles altitudes exploités dans l'air par des instituts de recherche et des entreprises privées. "Mais comme nous n'avions pas été en mesure d'évaluer de manière définitive ce que sont ces objets récents, le président a voulu agir par excès de prudence pour protéger notre sécurité et nos intérêts", a-t-elle ajouté. Les Etats-Unis estiment que le premier objet officiellement détecté, un ballon, était contrôlé par l'armée chinoise et faisait partie d'une flotte envoyée par Pékin au-dessus de plus de 40 pays sur cinq continents, à des fins d'espionnage.
Le gouvernement chinois assure qu'il s'agissait d'un aéronef civil utilisé à des fins de recherches, principalement météorologiques. Dimanche, la secrétaire adjointe à la Défense américaine Melissa Dalton a déclaré que "des contacts ont été pris" avec la Chine au sujet de ce premier ballon, sans en préciser la nature. Cette semaine, deux autres objets volants ont été abattus par les forces américaines, l'un vendredi au-dessus de l'Alaska, l'autre samedi au Canada. Le Premier ministre canadien Justin Trudeau se rend dimanche soir dans la province du Yukon, sur les lieux où le troisième a été abattu, tandis que Washington et Ottawa s'affairent toujours à récolter les restes des engins.
Une tension croissante entre les Etats-Unis et la Chine
Ces événements ont ajouté à la tension entre la Chine et les Etats-Unis, et une visite à Pékin du secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a été reportée. L'élu républicain Michael McCaul, président de la commission des Affaires étrangères de la chambre basse du Congrès américain, a accusé dimanche la Chine d'un "acte de belligérance" en lien avec le ballon abattu le 4 février. L'envoi de cet objet "a été fait avec provocation pour rassembler des renseignements et collecter des éléments sur nos trois sites nucléaires majeurs", a-t-il affirmé sur CBS.
Les républicains ont vivement critiqué le président démocrate Joe Biden pour avoir laissé le ballon survoler le pays pendant des jours avant de l'abattre. Le Pentagone a expliqué l'avoir "surveillé et évalué en continu", ce qui lui a permis d'en apprendre "davantage sur les capacités et les techniques" d'espionnage de la Chine. Le chef des démocrates au Sénat, Chuck Schumer, a défendu la gestion du dossier par M. Biden, disant dimanche à ABC qu'une analyse des débris représenterait "un grand coup pour les Etats-Unis". Le président fait toutefois face à des appels à davantage de transparence émanant des deux partis.
"J'ai de réelles inquiétudes sur les raisons pour lesquelles l'administration ne communique pas plus", a dit à NBC le démocrate Jim Himes, membre de la commission du renseignement de la Chambre des représentants. "Le peuple américain mérite beaucoup plus de réponses que ce que nous avons", a ajouté l'élu républicain Jack Bergman sur Twitter.