Les membres de l'ETA ont annoncé la dissolution de "toutes ses structures" dans une lettre publiée en ligne par le journal eldiario.es. "L'ETA a décidé de mettre fin à son cycle historique et à sa fonction, mettant un terme à son parcours. En conséquence, l'ETA a dissous complètement toutes ses structures et considère son initiative politique terminée", affirme cette lettre écrite en basque et portant l'emblème de l'organisation, un serpent enroulé autour d'une hache. Mi-avril, un médiateur du Groupe international de contact (GIC), structure qui a oeuvré à la paix au pays basque, avait estimé que l'organisation annoncerait sa dissolution pour le premier week-end de mai.
Elle avait demandé "pardon" aux victimes en avril. L'ETA, née en 1959 lors de la lutte contre le franquisme, a renoncé en octobre 2011 à la lutte armée, après 43 ans de violences au nom de l'indépendance du Pays basque et de la Navarre. Étape majeure vers la paix, elle a livré le 8 avril 2017 aux autorités françaises une liste de huit caches d'armes, toutes situées dans les Pyrénées-Atlantiques, un geste salué par Paris, mais insuffisant pour l'Espagne. Cette organisation "n'a pas fourni d'informations sur les auteurs de centaines d'assassinats", rappellent les signataires, critiquant également la récente déclaration de l'organisation demandant pardon aux victimes qui n'ont pas "participé directement au conflit". Le 20 avril en effet, l'ETA a pour la première fois demandé "pardon" à ses victimes, préambule à la dissolution unilatérale du groupe exigé par Madrid, réservant toutefois ce pardon aux seules victimes n'ayant pas participé au conflit.
Pas une annonce définitive ? Un membre du gouvernement basque a déclaré que cette lettre n'était pas encore l'annonce définitive de la dissolution de cette organisation considérée comme terroriste par l'Union européenne. Il a précisé attendre cette annonce pour jeudi, vraisemblablement sous la forme d'une vidéo envoyée à la BBC. "Cette une lettre que l'ETA a envoyée à des personnalités et des organisations qui ont participé il y a sept ans à la déclaration de Aiete", une initiative internationale qui a débouché en octobre 2011 à l'abandon définitif de la violence par l'organisation clandestine, a expliqué cette source. La dissolution a en tout cas été saluée par Jean-Noël "Txetx" Etcheverry, qui fut l'un des artisans du processus de paix. C'est "une bonne nouvelle pour ceux qui ont à coeur de continuer sur le chemin de la paix", affirme-t-il, prudent lui aussi sur la nature non-définitive de cette annonce.
Les victimes insatisfaites. De leur côté, des représentants des victimes de l'ETA ont exigé qu'elle reconnaisse ses responsabilités, condamne la terreur et cesse de rendre des hommage publics à ses militants. Dans une conférence de presse à San Sebastian, la ville du Pays basque la plus frappée par les attentats, le Collectif des victimes du terrorisme au Pays basque (COVITE) appuyé par des intellectuels a refusé que l'ETA "remette les compteurs à zéro". Une pétition, lancée dimanche par une centane d'intellectuels et de victimes, a déjà recueilli plus de 40.000 signatures sur la plateforme change.org.