Il y a 25 ans jour pour jour, l’Eurostar était inauguré en grande pompe. Ce 6 mai 1994, la reine Elisabeth II se tient aux côtés du président François Mitterrand, gare du Nord à Paris, après avoir voyagé dans le tunnel sous la Manche. "La conjugaison de l’élan français et du pragmatisme britannique a fait merveille : le tunnel proclame cette vérité simple. Continuons aujourd’hui à faire cause commune", déclare-t-elle alors, en français.
Des propos qui contrastent totalement avec la situation d'aujourd’hui, alors que le Royaume-Uni et l’Union européenne sont secoués par le Brexit. Et à bord de l’Eurostar, en direction la gare de St. Pancras à Londres, les passagers réguliers ne cachent pas leur amertume. "Je prends souvent l’Eurostar, je suis Français mais je vis à Londres depuis six ans maintenant et (le Brexit) c’est une forme d’éloignement, c’est comme-ci s’il y avait un divorce", confie au micro d’Europe 1 Amat.
'"On aura peut-être besoin d'un visa"
"Et j’imagine que ça va impacter d’une manière ou d’une autre les Français, car ils pourront moins circuler librement en cas de hard Brexit", redoute-t-il. Des craintes partagées également par Helen, une Britannique qui se rend souvent à Paris en train : "Nous ne saurons plus des citoyens européens. On aura peut-être besoin d’un visa, qu’il faudra payer, demander en avance… Alors que l’avantage de l’Eurostar, c'est de le prendre à la dernière minute."
LIRE AUSSI - Les 25 ans du Tunnel sous la manche
En 25 ans, l’ambiance sera donc passée de l’euphorie à l’inquiétude, voire à l’incompréhension. C’est le cas notamment de Philippe Vandebrook, qui était directeur pour la France des travaux du tunnel sous la Manche. "Je trouve ça regrettable, car on avait enfin relié l’Angleterre au continent par un lien fixe, et j’ai l’impression qu’on défait ce lien", déplore-t-il au micro d’Europe 1. A l’inverse, son homologue britannique, Graham Fagg, qui a percé la dernière partie du tunnel il y a 25 ans, est aujourd’hui devenu... un militant pro-Brexit.