L'ex-présidente sud-coréenne Park Geun-hye a été jugée coupable d'abus de pouvoir, de corruption et de coercition par un tribunal de Séoul dans le procès du retentissant scandale à l'origine de sa destitution. La justice l'a condamnée à 24 ans de prison ainsi qu'une amende de 18 milliards de won (13 millions d'euros). Le 27 février dernier, le parquet sud-coréen avait requis une peine de 30 ans d'emprisonnement ainsi que 118,5 milliards de wons (89 millions d'euros) d'amende contre l'ancienne présidente, destituée en mars 2017.
"Coupable d'abus de pouvoir". "L'accusée est coupable d'abus de pouvoir", a déclaré le juge Kim Se-yoon, en affirmant notamment que l'ex-présidente avait contraint des entreprises sud-coréennes à verser 77,4 milliards de wons (59 millions d'euros) à deux fondations contrôlées par sa confidente de l'ombre et "amie de 40 ans", Choi Soon-sil. Cette dernière a déjà été condamnée à 20 ans de prison dans cette affaire.
Verdict en direct à la télé. Des centaines de partisans de Park Geun-hye étaient rassemblés vendredi après-midi aux abords du tribunal du district central de Séoul, en scandant des slogans clamant son innocence. L'ex-présidente de 66 ans a largement boycotté les audiences lors des dix mois de son procès et accusé les juges de partialité. Elle avait cette semaine fait savoir au tribunal qu'elle ne serait pas présente pour l'énoncé du verdict, qui compte tenu de l'intérêt immense en Corée du Sud pour cette affaire, était retransmis en direct par la télévision, ce qui est extrêmement rare en Corée du Sud.
Park Geun-hye pourra faire appel, mais demeurera en détention avant un nouveau procès. Elle pourrait demander une grâce présidentielle. Mais les experts pensent que celle-ci est peu probable. Elle est le troisième ex-chef de l'Etat sud-coréen condamné après la fin de son mandat.
Ressentiment populaire. La chute de la fille aînée du dictateur militaire Park Chung-Hee, qui avait accédé en 2013 à la fonction suprême en se drapant dans l'habit de l'incorruptible "Fille de la Nation", a captivé l'opinion sud-coréenne. "Arrêtez la vengeance politique meurtrière", pouvait-on lire sur une banderole tenue à l'extérieur du tribunal par des partisans de l'ex-présidente. Mais la prévenue, qui était jugée pour 18 chefs, concentre aussi la colère de toute une partie de la population, car l'affaire a ravivé le ressentiment populaire contre les privilèges des élites et les accointances troubles entre les classes dirigeantes et les puissantes familles qui tiennent les grands conglomérats de la 11ème économie mondiale.