Le parlement de l'État de l'Iowa, aux États-Unis, a adopté mercredi la loi sur l'interruption volontaire de grossesse (IVG) la plus contraignante du pays en termes de période possible d'intervention, avec l'espoir de susciter un débat national.
Six semaines. Les législateurs majoritairement républicains de cet État agricole du centre du pays ont interdit l'avortement à partir du moment où les battements du cœur sont détectés, ce qui est possible dès la sixième semaine de grossesse. Avec des exceptions cependant pour les victimes de viol et d'inceste. Les opposants à cette loi rejettent un texte qui dénieraient à beaucoup de femmes le droit de recourir à l'avortement avant même de savoir qu'elles sont enceintes.
Une bataille à l'échelle fédérale ? Ce texte doit encore être promulgué par la gouverneure républicaine pour entrer en vigueur. Kim Reynolds, opposée à l'IVG, n'a pas encore indiqué si elle apposerait sa signature sur ce projet. Une telle restriction risquerait d'entraîner une bataille devant les tribunaux, jusqu'au niveau fédéral. "Nous effectuons aujourd'hui un pas courageux… pour dire à la nation que l'Iowa défendra ses plus fragiles, ceux qui n'ont pas de voix, nos enfants à naître", a déclaré l'élue républicaine locale Shannon Lundgren.
La Cour suprême pourrait basculer. Les partisans de ce texte souhaitent que soit saisie la Cour suprême des États-Unis, qui a légalisé l'avortement dans le pays en 1973, même si le débat reste intense sur le sujet et les divisions profondes. Les "pro-life" (anti-avortement) voient en Donald Trump un allié : il a été le premier président américain à s'exprimer depuis la Maison-Blanche en soutien à leur "Marche pour la vie" annuelle à Washington, en janvier dernier. Ces opposants à l'IVG espèrent que Donald Trump aura un jour l'opportunité de nommer au moins un juge conservateur supplémentaire à la Cour suprême, faisant ainsi basculer l'équilibre de la plus haute instance judiciaire américaine sur cette épineuse question. La Cour suprême avait rejeté en 2016 des recours du Dakota du Nord et de l'Arkansas, après l'annulation par des tribunaux locaux de législations similaires sur les battements cardiaques.
Le droit à l'avortement "bloqué dans les faits". L'ACLU, puissante association de défense des droits civiques, a condamné dans un communiqué l'adoption du projet de loi, estimant qu'il allait ramener "les femmes de l'Iowa près d'un demi-siècle en arrière". "Tout ce que nous pouvons dire pour l'instant, c'est que nous avons combattu cette législation à chaque étape du processus et nous regrettons qu'elle soit allée si loin", a confié Veronica Fowler, porte-parole de l'ACLU en Iowa. "C'est clairement inconstitutionnel et cela bloque dans les faits le droit à l'avortement pour la plupart des femmes", a-t-elle dénoncé.