Dans le dernier accrochage en date dimanche, un civil israélien a été tué et plusieurs autres blessés à Shtula, dans le nord du pays, par un tir de missile revendiqué par le Hezbollah libanais, allié du Hamas palestinien en guerre contre Israël. L'armée israélienne a riposté en visant des positions du Hezbollah dans le sud du Liban. Elle a également fermé la zone frontalière aux civils dans un rayon de quatre kilomètres sur son territoire.
Une dizaine de morts côté libanais
Les échanges de tirs de part et d'autre de la frontière et les tentatives d'infiltration depuis le Liban vers Israël s'intensifient ces derniers jours. Depuis le début de la guerre déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre, les accrochages ont fait une dizaine de morts côté libanais, et au moins deux, côté israélien. Il s'agit en majorité de combattants du côté libanais, mais des civils ont également été tués, dont un journaliste de Reuters vendredi, et un couple du village de Chebaa samedi.
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Cette montée de la tension fait craindre l'ouverture d'un nouveau front avec une entrée dans le conflit du puissant Hezbollah pro-iranien, qui pourrait entraîner le Liban dans la guerre. L'incident de dimanche est "un degré de plus sur l'échelle de l'escalade. Un petit degré, mais dans ce genre de situation les petits détails ont une énorme importance", prévient sur le réseau X le spécialiste d'International Crisis group (ICG) Heiko Wimmen.
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Habdollahian, a averti dimanche à Doha que "personne" ne pouvait "garantir le contrôle de la situation" si Israël lançait une offensive terrestre de Gaza, selon le ministère. "Si les attaques du régime sioniste contre la population sans défense de Gaza se poursuivent, personne ne peut garantir le contrôle de la situation et la perspective d'un élargissement du conflit", a déclaré le ministre selon des propos rapportés par un communiqué du ministère des Affaires étrangères.
Appels à la retenue
Depuis le début de la guerre entre Israël et Gaza, qui a déjà fait des milliers de victimes de part et d'autre, les appels se multiplient de partout pour exhorter le Liban, déjà meurtri par plusieurs guerres avec Israël et rongé par une crise sociale et économique majeure, à se tenir à l'écart du conflit. La France a appelé samedi le Hezbollah et son parrain iranien à la "retenue" afin "d'éviter d'ouvrir un nouveau front dans la région". Washington a également averti il y a quelques jours le Hezbollah de ne pas prendre de "mauvaise décision".
Et la Finul, la force des Nations unies présente depuis 1978 pour faire tampon entre Israël et le Liban, toujours techniquement en état de guerre, multiplie ces derniers jours les communiqués alarmistes. Elle a notamment mis en garde vendredi contre une situation qui pourrait devenir "hors de contrôle".
L'invasion terrestre d'Israël dans le nord de la bande de Gaza pourrait constituer une intervention du Hezbollah
Aux premiers jours du conflit en Israël, l'intervention du Hezbollah était restée assez limitée. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, en visite à Beyrouth en fin de semaine dernière a estimé que "la sécurité et la paix au Liban" étaient importantes, mais a aussi prévenu que "la résistance avait le doigt sur la gâchette". De nombreux analystes estiment que l'invasion terrestre d'Israël dans le nord de la bande de Gaza, qui semble imminente, pourrait constituer le déclencheur d'une intervention du Hezbollah.
Lors d'une manifestation de soutien aux Palestiniens vendredi à Beyrouth, le numéro deux du Hezbollah, cheikh Naïm Qassem, a affirmé que le mouvement était prêt à intervenir "au moment propice", sous les cris de ses partisans appelant à frapper Israël. "J'espère que la guerre va venir au Liban", affirmait à l'AFP Najwa Ali, une Palestinienne de 57 ans née à Beyrouth, dont un des fils, membre du Hezbollah, a été tué en Syrie.
Beaucoup de Libanais, qui gardent le souvenir terrible de la dernière guerre avec Israël en 2006, redoutent cependant un nouveau conflit. La guerre avait alors fait 1200 morts côté libanais, en majorité des civils, et 160 côté israélien, militaires pour la plupart. Depuis, prévaut un fragile "équilibre de la terreur" dans le sud du Liban.