Loi martiale en Corée du Sud : le ministre de la Défense offre sa démission
Alors que les appels à la démission du président sud-coréen se multiplient depuis sa tentative d'instaurer la loi martiale dans le pays, le ministre de la Défense a proposé, quant à lui, de quitter sa fonction. Une motion de destitution contre le président conservateur a même été déposée au Parlement.
L'opposition sud-coréenne a annoncé mercredi le dépôt au Parlement d'une motion de destitution contre le président conservateur, après sa tentative ratée d'imposer la loi martiale . Dans le même temps, le ministre sud-coréen de la Défense, Kim Yong-hyun, a présenté ses excuses et a proposé de démissionner. "Je regrette profondément et j'assume l'entière responsabilité de la confusion et de la préoccupation causées au public par la loi martiale" et "j'ai proposé ma démission au président", a annoncé Kim Yong-hyun dans un communiqué.
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Le président acculé
Le président sud-coréen va-t-il démissionner ? La motion de destitution déposée par les députés, qui devra réunir une majorité des deux tiers pour être adoptée, pourrait être soumise au vote dès vendredi, ont indiqué au cours d'une conférence de presse les six partis d'opposition représentés au Parlement, dont le principal d'entre eux, le Parti démocrate (centre-gauche). Yoon Suk Yeol, dont la cote de popularité était déjà au plus bas, est mis dos au mur par l'opposition comme par son propre parti après avoir instauré la loi martiale lors d'une allocution surprise tard mardi, avant d'abroger cette mesure à peine six heures plus tard sous la pression des députés et de la rue.
Dans le contexte de difficultés à adopter le budget, le président avait justifié ce coup de force en disant vouloir "éliminer les éléments hostiles à l'Etat" et "protéger la Corée du Sud libérale des menaces posées par les forces communistes nord-coréennes". Yoon Suk Yeol, élu de justesse en 2022 et qui n'a jamais disposé de la majorité au Parlement, avait pointé du doigt une "dictature législative" et accusé les élus de l'opposition de bloquer "tous les budgets essentiels aux fonctions premières de la nation".
Des soldats dans le Parlement
Après l'annonce de Yoon Suk Yeol, des troupes ont été déployées et des hélicoptères de l'armée ont atterri sur le toit du parlement, mais les députés ont pu se réunir en catastrophe pour adopter une résolution exigeant l'abrogation de la mesure. Des centaines de manifestants s'étaient entretemps rassemblés devant le Parlement pour exiger le retrait du texte et la démission du président. L'imposition de la loi martiale impliquait la suspension de la vie politique, la fermeture du parlement et la mise sous contrôle des médias.
Le chef de l'opposition Lee Jae-myung, qui avait perdu de justesse la présidentielle contre Yoon Suk Yeol, avait alors qualifié cette mesure d'"illégale". "Nous allons porter plainte pour rébellion" contre le président, ses ministres de la Défense et de l'Intérieur et des "personnalités-clés de l'armée et de la police, telles que le commandant de la loi martiale (un général de l'armée, NDLR) et le chef de la police", a annoncé le Parti démocrate mercredi.
Son propre parti lui tourne le dos
Même la formation de Yoon Suk Yeol, le Parti du Pouvoir au Peuple, s'est démarquée de l'initiative du président. "Le président doit expliquer cette situation tragique tout de suite et en détail", a déclaré à la télévision le chef de sa formation, Han Dong-hoon, soulignant que "tous les responsables devront rendre des comptes".
Le chef de cabinet du président et plusieurs conseillers ont dans la matinée "présenté leur démission collective", selon l'agence de presse Yonhap, tout comme le ministre de la Défense, Kim Yong-hyun. La Confédération coréenne des syndicats, plus importante intersyndicale du pays avec ses quelque 1,2 million de membres, a appelé à une "grève générale illimitée" jusqu'à la démission de M. Yoon, estimant qu'il avait "signé sa propre fin au pouvoir".