Des enquêteurs de l'ONU ont exhorté lundi la Cour pénale internationale à enquêter de toute urgence sur des crimes contre l'humanité et autres atrocités commis par les autorités au Burundi. "Ces actes (...) ont été perpétrés dans le cadre d'une attaque généralisée ou systématique contre la population civile, avec la connaissance d'une telle attaque. Ces actes rentrent dans le cadre d'une politique de l'État burundais", a dénoncé le président de la Commission d'enquête de l'ONU sur le Burundi, Fatsah Ouguergouz, au cours d'une conférence de presse. Le gouvernement burundais a réagi en dénonçant un complot occidental qui "restera sans effet", tandis que l'opposition a espéré l'ouverture d'une "nouvelle ère d'espoir pour mettre fin à l'impunité".
Des actes commis par la police et l'armée, selon l'ONU. Pointant "des responsables au plus haut niveau de l'État", la Commission indique dans son premier rapport avoir "des motifs raisonnables de croire que plusieurs de ces violations, commises en majorité par des membres du service national de renseignement, de la police et de l'armée ainsi que des Imbonerakure (milice pro-gouvernementale selon l'ONU, ndlr), constituent des crimes contre l'humanité".
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La CPI a jusqu'au 27 octobre pour ouvrir une enquête. "Des atteintes aux droits de l'homme ont également été commises par des groupes armés d'opposition, mais celles-ci se sont avérées difficiles à documenter", selon le document. Au regard de l'impunité régnant dans le pays, la Commission demande "à la CPI d'ouvrir dans les plus brefs délais une enquête sur la situation au Burundi depuis avril 2015". Le Burundi ayant notifié sa décision de se retirer de la CPI le 27 octobre 2016 et ce retrait étant effectif un an après, la CPI a jusqu'au 27 octobre pour ouvrir une enquête de son propre chef. Passé cette date, seul le Conseil de sécurité de l'ONU pourra faire appel à l'institution internationale.
Les victimes, des opposants au gouvernement pour la plupart. Dans son rapport, la Commission, créée en septembre 2016 par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU, cite des "violations souvent d'une cruauté extrême, en particulier des exécutions extrajudiciaires, des arrestations et détentions arbitraires, des disparitions forcées, des actes de torture". Les victimes sont en majorité des jeunes hommes qui "ont comme point commun d'être des opposants au gouvernement ou perçues comme tels". Les enquêteurs de l'ONU ont documenté "quelques milliers d'arrestations et de détentions arbitraires", des "centaines de cas de tortures et des "centaines d'exécutions extrajudiciaires", a indiqué Fatsah Ouguergouz, précisant que ces chiffres n'étaient pas exhaustifs.