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L'organisation d'élections en Syrie pourrait prendre quatre ans, selon son nouveau dirigeant

Europe 1 avec AFP . 3 min
Les États-Unis n'offrent plus de récompense pour l'arrestation du nouveau dirigeant syrien, Ahmad al-Chareh, de son nom de guerre Abou Mohammad al-Jolani.
Le nouveau dirigeant syrien, Ahmad al-Chareh, a reçu un appel de Macron qui l'invite en France © SANA / AFP

Dans un entretien pour la chaîne al-Arabiya, le nouveau dirigeant de la Syrie, Ahmad al-Chareh a déclaré que l'organisation d'élections dans son pays pourrait prendre quatre ans. Un délai qu'il explique par la nécessité de "réécrire la Constitution", une tâche qui pourrait prendre "deux ou trois ans".

Le nouveau dirigeant de la Syrie, Ahmad al-Chareh, a déclaré que l'organisation d'élections dans son pays pourrait prendre quatre ans lors d'une interview à la chaîne al-Arabiya diffusée dimanche soir, trois semaines après la chute du président Bachar al-Assad.

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"Le processus électoral pourrait prendre quatre ans", a affirmé Ahmad al-Chareh dont le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS), à la tête d'une coalition, a pris Damas le 8 décembre à l'issue d'une offensive éclair. Il a ajouté qu'il serait nécessaire de "réécrire la Constitution", une tâche qui pourrait prendre "deux ou trois ans", dans cet entretien avec la chaîne saoudienne.

Depuis leur arrivée au pouvoir, les nouvelles autorités tentent de rassurer la communauté internationale, dont une grande partie avait mis au ban Bachar al-Assad au début de la guerre dans le pays, déclenchée en 2011 par la répression de manifestations prodémocratie.

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"Les sanctions doivent être levées"

Alors que la guerre a fait plus d'un demi-million de morts, a causé la fuite de millions de personnes et a morcelé et ravagé le pays, Ahmad al-Chareh a demandé une levée des sanctions internationales. "Les sanctions ont été imposées à la Syrie en raison des crimes commis par le régime" de Bachar al-Assad, a-t-il indiqué, ajoutant que vu que les auteurs des exactions ne sont plus au pouvoir, "les sanctions doivent donc être levées automatiquement".

Le conflit a été marqué par l'implication de plusieurs puissances internationales occidentales comme les États-Unis ou la France, mais aussi la Russie et l'Iran ou encore de groupes armés comme le Hezbollah libanais. Dans son interview, Ahmad al-Chareh s'est notamment adressé aux deux alliés de Bachar al-Assad, l'Iran voisin et la Russie. "La Syrie ne peut pas continuer sans des relations avec un grand pays au poids régional comme l'Iran mais il faut que celles-ci se fassent sur la base du respect de la souveraineté des deux pays et sans ingérences", a-t-il estimé.

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"La Russie est un pays important", a-t-il dit, parlant d'intérêts "stratégiques profonds". "Nous ne voulons pas que la Russie quitte la Syrie de la manière dont certains le souhaiteraient", a-t-il ajouté. À la faveur de la guerre, les Forces démocratiques syriennes (FDS), dirigées par les Kurdes, ont pris le contrôle de plusieurs régions dans le nord-est, mais ces combattants sont régulièrement dans le viseur de la Turquie voisine qui voit en eux une extension de son ennemi juré, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, kurde turc).

"Les armes doivent être uniquement aux mains de l'Etat", a dit Ahmad al-Chareh, ajoutant : c'est sur "ces critères" que des "négociations" seront menées avec les FDS "dans l'espoir de trouver une solution appropriée". Sur le terrain, les forces syriennes se sont lancées cette semaine dans des opérations contre des combattants loyaux au régime déchu.

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Ils ont par ailleurs arrêté jeudi un dirigeant du pouvoir déchu, considéré comme responsable de nombreuses condamnations à mort dans la tristement célèbre prison de Saydnaya près de Damas, selon l'observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Ce centre pénitentiaire, construit dans les années 1980 pour accueillir des détenus politiques, est devenu un symbole de la répression de l'Etat syrien.

Les autorités soutiennent "pleinement" les droits des femmes

Marquée par des affrontements meurtriers, l'opération pour arrêter le général Mohammed Kanjo Hassan a été lancée mercredi par les forces de sécurité à Tartous, dans l'ouest du pays, bastion de la minorité alaouite dont est issu Bachar al-Assad. Le chef de la justice militaire sous Bachar al-Assad, promu à ce poste en 2014, a été arrêté dans la localité de Khirbet al-Ma'zah avec 20 membres de sa garde rapprochée, a précisé l'OSDH.

Depuis son entrée en fonction, le gouvernement de transition dirigé par Mohammad al-Bachir a promis de respecter les droits des minorités du pays multiethnique et multiconfessionnel ainsi que ceux des femmes. Une déclaration d'une membre de la nouvelle administration a cependant soulevé un tollé cette semaine.

Dans un entretien avec une chaîne de télévision turque, Aïcha al-Debs, présidente du "Bureau des affaires de la Femme" et seule femme au sein du gouvernement, a appelé les femmes à "ne pas outrepasser les priorités de leur nature créée par Dieu", à savoir "leur rôle éducatif au sein de la famille".

Dimanche, comme pour calmer le jeu, le chef de la diplomatie syrienne, Assaad Hassan al-Chibani, a affirmé sur X que les autorités soutenaient "pleinement" les droits des femmes. "Nous croyons au rôle actif de la femme au sein de la société, et nous avons confiance en ses capacités et ses compétences", a-t-il précisé.