L'organisation Etat islamique (EI) "se réduit et se trouve largement sur la défensive". Pour Brett McGurk, émissaire spécial du président Barack Obama pour la lutte contre l'organisation terroriste, l'étendue du territoire sous domination de Daech se réduit de plus en plus, créant quelques tensions au sein de l’organisation. Mais les djihadistes n’en sont pas pour autant affaiblis et profitent du chaos en Libye pour s’y replier. Les ministres des Affaires étrangères de nombreux pays sont réunis lundi à Vienne, en Autriche, pour discuter de la menace que représente Daech en Libye.
La coalition internationale progresse
Depuis la prise de la ville Ramadi, en Irak, en mai 2015, l’EI n’a pas connu de victoires marquantes sur les sols irakien et syrien. Signe pour les experts que l’organisation s’affaiblit, même si elle tient encore Mossoul, dans le nord de l'Irak, et Rakka, dans l'est de la Syrie.
"Nous menons des frappes chirurgicales à Mossoul, pour ainsi dire chaque jour", a souligné Brett McGurk, lors d'une conférence de presse dimanche, se félicitant des efforts entrepris par la coalition internationale anti-EI. "Nous exerçons une pression synchronisée permanente".
Une crise financière au sein de l’EI ?
Une pression permanente qui semble déjà porter ses fruits. L’expert estime que les membres de l’EI ont montré, ces dernières semaines, des signes de nervosité encore jamais observés. Des exécutions publiques et le verrouillage de l’accès à internet à Mossoul mettent en évidence une certaine crainte du côté de Daech.
Par ailleurs, le bombardement de plusieurs réserves d’armes de l’EI aurait provoqué une crise financière au sein de l’organisation, l’obligeant à réduire de moitié la solde versée à ses combattants.
Un recrutement international à la peine
L’analyse faite par l’émissaire spécial du président Barack Obama pour la lutte contre l'organisation terroriste rejoint celle du major général Peter E. Gersten, en charge du renseignement de la coalition internationale contre l’État islamique en Syrie et en Irak. Ce dernier avait mis en avant, fin avril, les difficultés militaires en Syrie et en Irak de Daech.
"Quand je suis arrivé ici [en mai 2015], on voyait quelque chose comme 1.500 à 2.000 combattants étrangers rejoindre le champ de bataille chaque mois. Après un an de lutte contre l’ennemi, nos estimations font retomber ces chiffres à environ 200. Et nous assistons aussi à une hausse du nombre de désertions parmi ces mêmes combattants étrangers", avait-il expliqué.
Un point de vue appuyé par le Centre international pour l’étude de la radicalisation et la violence politique (ICSR). Comme le souligne le site d’informations Slate.fr, cet organisme, indépendant, avait déjà observé une baisse de fréquence des vidéos destinées à l’étranger.
Mais l’organisation terroriste reste puissante et se développe désormais au-delà des frontières syriennes et irakiennes. La Libye est ainsi devenue leur nouveau bassin d’implantation. Les djihadistes du groupe Etat islamique ont récemment étendu leur influence à l'ouest de la ville libyenne de Syrte qu'ils contrôlent depuis juin 2015.
La Libye nouveau bassin de l’EI
L'EI s’est aussi emparée de la localité d'Abou Grein, à une centaine de kilomètres à l'ouest de Syrte, après une série d'attaques contre les forces militaires du gouvernement d'union. C'est la première fois que le groupe extrémiste réussit à étendre son contrôle à l'ouest de cette ville. Une influence qui pourrait encore croître dans les prochains mois.
Les difficultés pour le nouveau gouvernement lybien d’assoir son autorité inquiète la communauté internationale, dont les ministres des Affaires étrangères sont réunis lundi à Vienne, en Autriche, pour discuter du chaos qui règne en Libye. Ce vide sécuritaire a facilité l'implantation de l'EI depuis 2014. C’est aujourd’hui une menace pour les pays voisins de la Libye, mais aussi pour l’Europe. Les experts estiment que l'EI compte entre 3.000 et 5.000 combattants en Libye et tenterait d'y attirer des centaines de recrues étrangères.