Macron mal informé sur la liberté de la presse en Turquie, selon Ankara

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avec AFP , modifié à
Pour la première visite du président turc à Paris, Emmanuel Macron veut aborder la question des atteintes à la liberté de la presse en Turquie. Mais Ankara rejette toute accusation.

Le porte-parole de la présidence turque a estimé jeudi que le président français Emmanuel Macron "manquait d'informations" à propos des journalistes emprisonnés en Turquie, affirmant que le sujet serait abordé lors de la visite du président turc Recep Tayip Erdogan à Paris vendredi.

"Manque d'information" ou "préjugés" ? Emmanuel Macron avait assuré mercredi lors de ses vœux à la presse qu'il aborderait la "situation des journalistes emprisonnés, empêchés d'exercer leur métier" avec son homologue turc lors de leur entretien vendredi. "Nous pensons que ses propos se basent sur un manque d'information, s'il ne s'agit pas d'une évaluation ou d'un jugement basés sur des préjugés", a déclaré Ibrahim Kalin, porte-parole de Recep Tayip Erdogan, lors d'une conférence de presse télévisée à Ankara. "Le fait que quelqu'un soit un journaliste (…) ne le rend pas innocent ou ne signifie pas qu'il ne peut pas commettre un crime", a-t-il ajouté.

Les journalistes emprisonnés ? Des "terroristes". Ibrahim Kalin a affirmé que les journalistes emprisonnés le sont pour des liens supposés avec trois organisations classées "terroristes" par Ankara : le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), le groupe Etat islamique (EI) ainsi que les réseaux du prédicateur Fethullah Gülen (FETO) - installé aux Etats-Unis et qui nie les accusations portées contre lui - lesquels se voient reprocher d'avoir fomenté le putsch manqué de l'été 2016. Ces accusations seront présentées de façon détaillée et documentée au président Macron vendredi, a assuré Ibrahim Kalin en soulignant que "les questions judiciaires en Turquie relèvent de la justice".

Deux journalistes français ont été arrêtés l'année dernière en Turquie : Loup Bureau, détenu plus de 50 jours car accusé d'appartenir à une "organisation terroriste", et Mathias Depardon, détenu un mois en Turquie pour "propagande terroriste". Tous deux ont finalement été expulsés vers la France.

Des dossiers épineux. Pour sa première visite en France depuis le putsch avorté en juillet 2016 et l'élection d'Emmanuel Macron à la présidence en mai 2017, le dirigeant turc sera reçu à l'Elysée pour un entretien suivi d'un déjeuner. Les échanges entre les deux dirigeants porteront notamment sur les dossiers régionaux, comme le conflit syrien ou la question du statut de Jérusalem, la question de l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne, ainsi que la question des droits de l'homme. La Turquie occupe la 155e place sur 180 au classement de la liberté de la presse établi par l'ONG Reporters sans frontières (RSF).