Un attentat suicide visant des combattants de groupes armés signataires de l'accord de paix au Mali a tué près de 60 personnes mercredi à Gao, la plus grande ville de la région, et porté un rude coup à l'application de cet accord. L'attentat a été revendiqué par le groupe islamiste Al-Mourabitoune, lié à Al Qaïda. Dès le départ, les soupçons se tournaient vers les groupes djihadistes, qui avaient déjà perpétré un attentat suicide à la voiture piégée contre l'aéroport de Gao, à quelques centaines de mètres de là, le 29 novembre 2016.
Au moins 115 blessés. Le président Ibrahim Boubacar Keïta a annoncé un deuil national de trois jours à la suite de cet attentat, le plus meurtrier de l'histoire récente du pays. Le bilan de l'attentat reste cependant incertain. Selon le gouvernement malien, l'attentat a fait 47 morts, dont cinq kamikazes. Un porte-parole de l'armée a en outre fait état de 115 blessés.
Un camp de préparation militaire. Les victimes, des combattants de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA, ex-rébellion à dominante touareg), et des groupes armés pro-gouvernementaux se préparaient pour des patrouilles mixtes prévues par l'accord de paix signé en mai-juin 2015 entre Bamako et ces différents groupes armés. Ces patrouilles, auxquelles doivent également se joindre des militaires maliens, sont censées préfigurer la refonte d'une armée malienne unitaire.
Une explosion très puissante. "Le kamikaze est venu dans un véhicule et s'est fait exploser. L'attaque a eu lieu ce matin à 8h40", a précisé cette source, soulignant que les combattants des différents groupes "devaient commencer bientôt une patrouille mixte". Des corps ont été déchiquetés et des membres projetés par l'explosion, très puissante, qui s'est produite pendant une séance d'entraînement des combattants, selon un témoin. L'assaillant "est rentré seul dans la ville, avant de s'équiper et d'équiper le véhicule pour commettre l'attentat suicide", a indiqué une source de sécurité malienne.
Hollande condamne "sans réserve". L'attentat survient quelques jours seulement après le 27ème sommet Afrique-France organisé à Bamako en présence d'une trentaine de chefs d'État et de gouvernement, dont François Hollande qui s'est également rendu à Gao où un millier de soldats français sont déployés dans le cadre de l'opération antiterroriste Barkhane. Le président de la République a "condamné sans réserve" cet attentat.