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Alexandre Aublanc (au Maroc), avec AFP / Crédits photo : FADEL SENNA / AFP , modifié à
Un terrible séisme a touché le Maroc dans la nuit du vendredi 8 au samedi 9 septembre, dans la région de Marrakech. Le bilan provisoire fait état de 2.012 morts et 2.059 blessés. Emmanuel Macron s'est dit "bouleversé" et a assuré que "la France se tient prête à aider aux premiers secours", tout comme la communauté internationale, qui se mobilise.
L'ESSENTIEL

Le Maroc pleure ses morts dimanche après le violent séisme qui a dévasté une grande partie du pays et dans lequel plus de 2.000 personnes ont péri, selon le dernier bilan officiel, susceptible de s'aggraver au fil des recherches. Le tremblement de terre de la nuit de vendredi à samedi, de magnitude 7 selon le Centre marocain pour la recherche scientifique et technique (6,8 selon le service sismologique américain), est le plus puissant à avoir jamais été mesuré au Maroc. Il a fait au moins 2.012 morts et 2.059 blessés, dont 1.404 sont dans un état très grave, a annoncé samedi soir le ministère de l'Intérieur.

La province d'Al-Haouz, où se situait l'épicentre du séisme, est la plus endeuillée avec 1.293 morts, suivie par la province de Taroudant avec 452 morts. Dans ces deux zones situées au sud-ouest de la ville touristique de Marrakech, des villages entiers ont été anéantis par la secousse.

Les principales informations :

  • Un puissant séisme de magnitude 7 a touché le Maroc dans la nuit de vendredi à samedi, dans la région de Marrakech.
  • Selon un dernier bilan provisoire, 2.012 personnes sont décédées et 2.059 sont blessées, dont 1.404 sont dans un état très grave. Au moins un Français fait partie des victimes.
  • Un deuil national de trois jours décrété au Maroc.
  • Les messages de soutien se sont multipliés dans le monde entier.
  • Emmanuel Macron s'est dit "bouleversé" et a proposé l'aide de la France.
  • La Tour Eiffel éteinte samedi soir à 23 heures en hommage aux victimes

Un Français décédé durant le séisme, huit autres blessés

Un Français est mort durant le tremblement de terre au Maroc et huit autres ont été blessés, a indiqué samedi le ministère français des Affaires étrangères à l'AFP. "Nous déplorons le décès d'un ressortissant français à Agadir, suite à un malaise cardiaque pendant le séisme", a fait savoir le Quai d'Orsay, qui a par ailleurs identifié "huit ressortissants" blessés, avec lesquels il dit être "en contact étroit afin de (s')assurer de leur bonne prise en charge". Agadir se trouve à quelque 200 km à vol d'oiseau d'Al-Haouz, l'épicentre du séisme, mais il y a été fortement ressenti.

Un deuil national décrété

Le Maroc a décrété samedi un deuil national de trois jours, a annoncé le cabinet royal. "Il a été décidé un deuil national de trois jours, avec mise en berne des drapeaux sur tous les bâtiments publics", a indiqué un communiqué du palais royal publié par l'agence officielle MAP, à l'issue d'une réunion présidée par le roi Mohammed VI consacrée à l'examen de la situation après le séisme.

Dans le même temps, la Croix-Rouge internationale a alerté la communauté internationale sur l'importance des besoins du Maroc, après le séisme meurtrier qui l'a frappé, évoquant des besoins pour "des mois voire des années". "Nous tablons sur des mois, voire des années de réponse", a mis en garde Hossam Elsharkawi, directeur régional Proche-Orient et Afrique du Nord de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (IFRC).

L'épicentre situé dans la province d'Al-Haouz

Le Centre marocain pour la recherche scientifique et technique (CNRST) a mesuré la magnitude du séisme à 7, précisant que l'épicentre de la secousse se situait dans la province d'Al-Haouz, au sud-ouest de la ville Marrakech, destination très prisée de touristes étrangers.

Des tombes creusées

Dans le village montagneux de Moulay Brahim dans la province d'Al-Haouz, des secouristes étaient à l'oeuvre en milieu de journée, à la recherche de survivants parmi les décombres de maisons effondrées. Non loin de là, des habitants creusent déjà des tombes sur une colline pour enterrer les victimes, selon une équipe de l'AFP sur place. L'armée marocaine a déployé de son côté "des moyens humains et logistiques importants, aériens et terrestres", ainsi que des équipes de recherche, de sauvetage, et un hôpital de campagne dans la région d'Al-Haouz, a rapporté l'agence de presse marocaine MAP.

À Marrakech, des Marocains inspectaient samedi, l'air hébété, les dégâts de leur habitation au milieu des tas de gravats, de la poussière et de voitures écrasées par des pierres. Sur des images reproduites par les médias et sur les réseaux sociaux, on peut voir une partie d'un minaret qui s'est effondrée sur la célèbre place Jemaa el-Fna, coeur battant de Marrakech, faisant deux blessés.

"J'ai pensé qu'une ou plusieurs voitures défonçaient le mur d'enceinte de ma propriété", raconte à l'AFP Edwige Vilhies, une Française de 70 ans qui vit à Sidi Bouzguia, un village situé à une vingtaine de km au sud de Marrakech, sur la route menant vers la chaîne montagneuse de l'Atlas. "J'ai été éjecté de mon lit et n'ai pas pu me relever immédiatement tellement les secousses étaient fortes. J'ai cru que c'était un crash d'avion", confie Bernard Curi, patron d'un hôtel situé dans le même secteur.

Mimi Theobald, une touriste anglaise de 25 ans, s'apprêtait à prendre un dessert sur la terrasse d'un restaurant avec des amies "quand les tables ont commencé à trembler, les plats à voler, on a paniqué". "Après, on a essayé d'aller à notre hôtel pour récupérer nos bagages et passeports car notre vol était programmé demain mais c'était impossible car notre hôtel est situé dans la médina. Il y avait des débris de partout, ce n'était pas très prudent. C'est la première fois qu'on vit un séisme. Quand l'adrénaline est retombée, on s'est rendu compte qu'on était très chanceuses d'être toujours en vie", ajoute-t-elle.

Solidarité internationale

Outre Marrakech, la secousse a été ressentie à Rabat, Casablanca, Agadir et Essaouira, semant la panique parmi la population. De nombreuses personnes sont sorties dans les rues de ces villes, craignant l'effondrement de leurs habitations, selon des images diffusées sur les réseaux sociaux. "L'endroit où se trouve l'épicentre de ce tremblement et sa puissance nous place devant une situation d'urgence exceptionnelle", a déclaré à la télévision publique le chargé des opérations de secours à la direction générale de la protection civile, le colonel Hicham Choukri.

Le drame a suscité un élan de solidarité dans le monde, plusieurs pays, dont Israël, la France, l'Espagne, l'Italie et les Etats-Unis proposant leur aide. L'Algérie, qui a rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc en août 2021 en pleine crise entre les deux pays, a également présenté "ses sincères condoléances au peuple marocain frère pour les victimes du tremblement" de terre, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères à Alger.

Le 24 février 2004, un séisme de 6,4 degrés sur l'échelle de Richter avait secoué la province d'Al Hoceima, 400 km au nord-est de Rabat, faisant 628 morts. Et le 29 février 1960, un tremblement de terre de magnitude 5,7 avait détruit Agadir, sur la côte ouest du pays, et fait près de 15.000 morts, soit un tiers de la population de la ville.

Macron se dit "bouleversé" et propose l'aide de la France

Le président français Emmanuel Macron s'est dit samedi "bouleversé après le terrible séisme au Maroc" et a proposé l'aide de la France. "Nous sommes tous bouleversés après le terrible séisme au Maroc. La France se tient prête à aider aux premiers secours", a-t-il dit sur X (anciennement Twitter) avant d'atterrir à New Delhi pour le sommet du G20.

Dans un courrier adressé au roi du Maroc Mohammed VI, et dont l'AFP a pu consulter des extraits, le chef de l'Etat a exprimé sa "vive émotion" et sa "profonde peine" face au "terrible drame" qui a fait au moins un millier de morts, selon un décompte provisoire samedi. "Mes pensées vont en particulier aux familles et proches des victimes disparues ainsi qu'aux blessés", a écrit M. Macron, en présentant ses "condoléances et celles du peuple français".

"La France se tient d'ores et déjà prête à mobiliser les moyens nécessaires pour répondre aux sollicitations éventuelles du Royaume du Maroc et apporter une assistance immédiate dans cette phase critique d'urgence et, lorsque le temps viendra, le soutien nécessaire à la reconstruction", a-t-il également déclaré.

La Tour Eiffel éteinte à 23 heures en hommage aux victimes

La Tour Eiffel sera éteinte samedi soir à 23h00 en hommage aux victimes d'un puissant séisme qui a frappé le Maroc la nuit précédente, causant la mort de plus de mille personnes, a annoncé à l'AFP la mairie de Paris. L'extinction de la Tour Eiffel exprime le "soutien total et évident au Maroc" de la capitale française, a affirmé sa maire Anne Hidalgo, témoignant de "sa solidarité envers les villes (touchées) et les familles, je pense à elles et à toutes les victimes". "Cette solidarité sera financière" et son montant est en cours d'évaluation par les autorités marocaines et de la ville de Paris, a-t-elle assuré.